Le ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, Mohamed Yatim, aurait tenté d'étouffer l’affaire des abus sexuels subis par les saisonnières marocaines travaillant dans les champs de fraises, dans le Sud de l’Espagne. C’est du moins ce dont l’accuse une centrale syndicale marocaine, l’ODT en l’occurrence, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du jeudi 31 mai. D’après le syndicat, le ministre, loin de s'insurger contre le sort réservé à ces femmes, aurait tenté de taire leur tragédie.
De ce fait, la centrale proche du PAM, qui qualifie d’«esclavagisme» les conditions de travail de ces ouvrières, estime que la responsabilité du ministère est pleinement engagée dans cette affaire. Pour l’ODT, le département de Mohamed Yatim doit avant tout veiller à protéger les travailleuses saisonnières marocaines en Espagne contre toute forme d’exploitation.
Le ministre a également été sévèrement critiqué pour avoir nié, dans un communiqué officiel, l’existence même de ces agressions sexuelles contre les femmes qui, sous contrat à court terme, sont allées offrir leurs bras pour la cueillette des fraises. Le communiqué du ministère affirmait, rappelle le journal, que ces travailleuses n'avaient subi ni chantage ni abus sexuels, accusations qu'il a qualifiées de pures allégations.
La centrale syndicale souligne ainsi que, en essayant de taire cette affaire, le ministre «est devenu complice de cette traite d'êtres humains et de l’exploitation des conditions de pauvreté et de précarité dans lesquelles vivent ces femmes». Mettant le ministre devant les faits, le quotidien rappelle qu’il y a eu effectivement des cas d’abus sexuels contre ces ouvrières et que les autorités espagnoles ont déjà arrêté un suspect. L’arrestation a eu lieu vendredi dernier, dans la région de Huelva, située dans le sud-ouest de l’Andalousie, précise le journal.
Parallèlement, ajoute le journal, une enquête a été ouverte suite à plusieurs plaintes déposées par de nombreuses victimes. Ces plaintes font état, entre autres, d’abus sexuels sous la menace sur le lieu de travail, dans les champs de fraises. Cette affaire, dénoncée par les médias espagnols qui ont réalisé des enquêtes sur le terrain, est loin d’être close.
Notons que l’opération annuelle qui consiste à envoyer des femmes travailler à la cueillette des fraises dans le sud de l’Espagne est supervisée par les services du ministère, en coordination avec les associations professionnelles des agriculteurs espagnols et des autorités andalouses.