Révocation surprise et sans signes annonciateurs. Le limogeage du désormais ex-ministre de la Culture, de la jeunesse et des sports, El Hassan Abyaba, est survenu subitement alors que toute l’attention était focalisée sur les mesures prises par l’Etat pour juguler la propagation du coronavirus. Le départ de l’ancien porte-parole du gouvernement a ainsi été annoncé, mardi, par un communiqué du cabinet royal qui précise que, sur proposition du chef du gouvernement, le roi a décidé de mettre fin aux fonctions du ministre El Hassan Abyaba, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du jeudi 9 avril.
Certes, on ne connaît pas encore exactement les raisons du limogeage d'Abyaba, nommé à son poste en octobre de l’année dernière, en remplacement de Rachid Talbi Alami. Mais il est certain que le désormais ancien ministre a commis d’innombrables erreurs. Son parcours d’enseignant universitaire, à la Faculté de Ben Msik, ne lui a finalement pas été d’une grande utilité une fois au gouvernement. Le fait de faire partie de l’intelligentsia de l’UC ne lui a pas, non plus, été d’un grand secours dans la gestion des affaires gouvernementales, relève le quotidien. Et ses apparitions publiques sont bien souvent associées à des gaffes.
Ainsi, poursuit le quotidien, on retiendra de son bref passage au gouvernement ce jour où, au lieu de répondre à la question posée par un député, il a préféré parler d'autre chose. On se rappellera également les multiples fois où il s’est éclipsé à l’issue d’une réunion du conseil de gouvernement en refusant de répondre aux questions des journalistes. On n’oubliera pas non plus ses lapsus et sa manie d’écorcher les noms des choses et même de certaines personnalités.
De plus, le passage d'Abyaba à la tête des deux départements a été a été à l’origine de plusieurs conflits, puisqu'il a démis certains hauts cadres de leurs fonctions pour nommer des proches à leur place. Abyaba, qui assurait également la tutelle du secteur de la presse et des médias, n’était pas en bons termes avec les autres intervenants, le Conseil national de la presse notamment. Le CNP lui reproche, entre autres, d’avoir décidé la suspension temporaire de l’impression des journaux sans l’avoir consulté.
Ce qu’on retiendra surtout de ses dernières semaines à la tête de deux départements ministériels clés, avec des ramifications bien ancrées dans la vie sociale des Marocains, c’est l'absence remarquée d'Abyaba dans l’effort gouvernemental pour la lutte contre le Covid-19. Pourtant, aussi bien la Culture que la Jeunesse et les sports auraient pu être d'un grand secours, ne serait-ce qu’en termes de sensibilisation. Cela n’a pas été le cas.
Même au sein de son parti, l’ancien ministre n’est pas, semble-t-il en odeur de sainteté. On lui reproche notamment de préparer un putsch contre le secrétaire général, en vue de prendre les commandes de l’UC. Abyaba est même allé jusqu’à menacer Mohamed Sajid, le SG, de poursuites judiciaires, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Il l’aurait même saisi, par voie d’huissier de justice, pour illégalité des réunions du bureau politique.
Pour le remplacer, relève le quotidien, le mini-remaniement ministériel a permis à l’ancien secrétaire d’Etat chargé de l’Investissement de reprendre ses fonctions à la tête, cette fois, des deux départements ministériels que sont la Culture et la Jeunesse et les sports. Othman El Ferdaous n’en est donc pas à son baptême du feu. Réputé pour être un grand travailleur, le jeune El Ferdaous reste discret. Au vu de sa formation, riche et diversifiée, et des dossiers sur lesquels il a travaillé sous la houlette du ministre du Commerce et de l’Industriel, on peut d’ores et déjà affirmer que ce ne sont pas les compétences qui lui manquent. D’autant que le jeune ministre, né en 1979, est aussi un grand communicateur.
C’est aussi un autre ministre, qui a vu son étoile briller depuis qu’il est à la tête du département de l’Education nationale, qui assumera les missions du porte-parole du gouvernement. Saïd Amzazi n’est plus à présenter. Le travail qu’il a fait à la tête du département de l’enseignement parle pour lui.