Avocat à Londres, au «conseil» onéreux, aux clients soigneusement triés sur le volet, Rodney Dixon conseille, depuis la capitale britannique, un homme, patron de presse de son état, actuellement incarcéré pour des faits avérés, prouvés, et, qui plus est, documentés images à l’appui.
Taoufik Bouachrine, directeur d’une publication arabophone à grand tirage, Akhbar Al Yaoum, a été condamné, en 2018, à 12 ans de prison ferme pour de multiples actes de viols, qu’il a commis sur son lieu de travail, sur pas moins de huit femmes qu’il a cruellement exploitées. Les chefs d’inculpation retenus contre lui donnent froid au dos: «traite d’êtres humains», «abus de pouvoir à des fins sexuelles» et «viol et tentative de viol».
Il a été reconnu coupable.
Ses huit victimes, que la justice marocaine a identifiées, et fait témoigner à la barre, étaient rémunérées par ce patron de presse pour qu’il assouvisse ses bas instincts sadiques.
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Question donc: Rodney Dixon, aurait-il, en Grande-Bretagne, où il exerce l’essentiel de ses activités, accepté de défendre pareille affaire? Aurait-il pu mêler son nom, quand bien même les honoraires auraient été alléchants, à un homme contre qui pas une, pas deux, même pas trois, mais huit femmes ont porté plainte pour abus de pouvoirs à des fins sexuelles et pour viol?
Autre question: dans la culture de Rodney Dixon, comment le viol est-il considéré? Est-ce là un acte admis, ou même toléré, par l’immense culture anglo-saxonne dont il est issu?
La ligne défendue par Mr. Dixon, pour ce patron de presse, est celle de la défense de la liberté d’expression de ce journaliste, qu'il estime bafouée, un prétexte dont il use pour tenter d’obtenir la libération d’un présumé violeur en série, doublé d’un esclavagiste moderne.
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A Londres, Mr. Dixon devient le Dr.Jekyll: il se comporte sans doute comme le gentleman qu'il est. Oh non, certainement pas un malappris, un goujat devant les ladies, quel que soit leur rang ou leur extraction sociale. Tenir la porte à une femme, laisser passer cette femme avant lui, soulever son chapeau, voire le retirer au passage d’une femme, précéder une femme lors de la descente des marches d’un escalier, car le gentleman, so british qu'il est très certainement, se doit de prévenir l’éventuelle chute de cette faible femme… La moindre offense commise envers une femme serait so shocking, isn't it?
Et pour Casablanca, Mr. Dixon se transforme en ce cruel Mr Hyde. Le sort de huit femmes, violentées et violées, lui importe peu. Il faut sortir le violeur en série de la taule dans laquelle la justice marocaine l’a confiné. Il faut tout mettre en œuvre pour marginaliser les plaignantes, les étouffer, les enterrer vivantes pour que seul subsiste le dossier d’un journaliste que l’Etat marocain voudrait faire taire.
Quel mépris pour ces victimes. Venir les voir, ne serait-ce qu’une fois? Leur accorder juste une once d’attention? Mais non! L’attention, Mr. Dixon la réserve aux femmes de son pays qui est féroce contre les misogynes, les machos et les apologistes du viol.
Il ne reste, pour qualifier cette attitude, que la littérature, la grande. Et le personnage créé par un des compatriotes de l'avocat, l’immortel Robert Louis Stevenson. Mr Dixon est, tour à tour, le Dr. Jekyll et Mr. Hyde.