«Certaines aides sont conditionnées par des comportements (…). L’Union européenne est une somme d’Etats, fondée sur la solidarité mutuelle». C’est en ces termes que s’exprimait Josep Borrell, en début de semaine, sur les médias espagnols en référence à la crise migratoire de Sebta.
En d’autres termes, selon Josep Borell, celui des pays qui a un différend avec l’un des Etats de l’UE devra en répondre devant les 27 membres qui composent cette organisation.
A Rabat, bien avant ces déclarations du responsable européen (d’abord espagnol, nous verrons pourquoi par la suite), Nasser Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, a insisté sur le fait que le Maroc n’a pas de problème avec l’Union européenne, mais plutôt avec l’Espagne après l’admission dans la clandestinité du chef du Polisario sous une fausse identité, au mépris des relations de partenariat et de bon voisinage.
Moi, ma femme et SanchezMais il faut revenir à la carrière du haut commissaire européen pour comprendre les dessous de sa sortie chauvine. Josep Borell était membre du parti socialiste (comme Sanchez) et appartient à la génération de l’ex-chef de gouvernement Felipe Gonzales qui en avait fait son ministre du Transport et de l’Equipement.
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Président du Parlement européen entre 2004 et 2009, il sombre dans une longue traversée de désert jusqu’en 2017. Cette année-là, il est l’un des principaux opposants à l’indépendance de la Catalogne. En Espagne, nombreux sont les hommes politiques unionistes, mais la voix de Borell comptait et se distinguait, parce qu’il est catalan. Il ira jusqu’à écrire un livre sur le sujet et en récoltera les dividendes juste après.
Mariano Rajoy ayant fait les frais d’une motion de censure en juin 2018, Josep Borell est catapulté ministre des Affaires étrangères par Pedro Sanchez.
Premier cadeau au Catalan unioniste. Le deuxième reviendra à sa femme, Cristina Narbona, épousée en secondes noces la même année 2018. Cristina Borrell est nommée, par Pedro Sanchez, présidente du PSOE, un poste qui, sans valoir le poids du secrétaire général, pèse lourd.
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Une année plus tard, soit en 2019, Josep Borrell est nommé haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. Poste qu’il doit encore à Pedro Sanchez qui a fait jouer ses relais au sein de l’UE, en vue de confier les rênes de la diplomatie européenne à Josep Borrell. En contrepartie, ce dernier se devait d’être, non le serviteur de L’UE, ni de l’Espagne au sein de l’UE, mais surtout de Pedro Sanchez, de son clan, de sa vision et de ses ambitions.
Pedro Sanchez active ses obligés du même parti quand il manœuvre dans les coulisses. Participe de cette optique, le choix de la région de Rioja où a été admis le chef du Polisario, Brahim Ghali. Le chef de l’exécutif espagnol, qui a autorisé et géré avec sa ministre des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, l’admission en catimini du chef du Polisario en Espagne, a jeté son dévolu sur la socialiste Concha Andreu, présidente de la Rioja, qui a été mise au parfum et a géré le transfert, dans une ambulance médicalisée, de Brahim Ghali depuis Saragosse à Logroño.
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«Au moment de la crise avec le Maroc, nous avons finalement compris la raison et le rôle de Josep Borrell au sein de l’UE. C’était l’occasion pour lui de s’acquitter d’une partie de sa dette envers Pedro Sanchez», souligne une source informée à Madrid. «Josep Borrell ne défend pas les intérêts de l’Europe, mais fait plutôt figure du chef d’une annexe du ministère des Affaires étrangères espagnol à Bruxelles», ajoute la même source.
«Lui, qui ne ratait pas une seule réception à l’ambassade du Maroc à Madrid, pourquoi n’a-t-il pas essayé par exemple de jouer un rôle d’intermédiaire entre les deux pays?», s’étonnent des sources dans la capitale espagnole. «C’est un ami de longue date, mais qui m’a déçu par son attitude envers le Maroc», affirme un de ses, désormais anciens, proches.