L’affaire El Haya prend des proportions importantes. Khalid Safir, Wali de Casablanca, a saisi le parquet aujourd’hui. Le quotidien Al Ittihad Al Ichtiraki souligne, dans sa livraison du 4 novembre, que cette affaire a fait son entrée sous la coupole du parlement après une question écrite adressée par le parlementaire istiqlali Adil Benhamza au chef de gouvernement et l'interpellant sur les accusations véhiculées par Mustapha El Haya, 5ème vice-président de la mairie de Casablanca et élu PJD.
Marchés de gré à gré
Cette affaire a éclaté, rapporte le journal, après qu’El Haya a accusé le frère du ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaïd, à l'époque Wali de Casablanca, d’avoir bénéficié de certains marchés en dehors des règles, et parfois de gré à gré, sans faire jouer la concurrence. El Haya avait accusé la société du frère de Boussaïd de se voir faciliter l’accès aux marchés de travaux routiers et d’entretien des infrastructures, notamment grâce à la mise à l’écart des concurrents. Le 5ème vice-président a aussi appelé à l’ouverture d’un audit des marchés remportés par la société sur la période où il dirigeait le service des travaux au Conseil de la ville. Adil Benhamza a ainsi interpellé le Chef de gouvernement quant aux mesures prises par son cabinet pour connaître la vérité. Le quotidien partisan rappelle que les accusations d’El Haya ont poussé le RNI à lui demander d'apporter des preuves à ses accusations «mensongères ».
Un dossier qui atterrit à la coupole
Le journal francophone de l’USFP, Libération, révèle que «le PJD tente d’enterrer l’affaire El Haya». Il se base sur les dernières déclarations du responsable local du parti de la lampe, qui a estimé que ces accusations n’engagaient qu’El Haya et qu’elles ne reflètaient pas la position du parti. Le quotidien des socialistes juge que «la solidarité gouvernementale et la real-politik font des ravages à Casablanca». Il fustige ainsi «le silence assourdissant qui entoure cette affaire et qui suscite moult interrogations». Une source anonyme explique cet état de fait par le désir unanime des responsables du PJD de «mettre un terme à cette affaire, ou mieux de la régler à huis clos. » Mohamd Tarek Sbaï, Président de l’Instance nationale de protection des biens publics (INPBP), a exigé, quant à lui, l’ouverture d’une enquête par la BNPJ.
Le PJD prend ses distances
«Mustapha Ramid aura-t-il le courage de diligenter pareille enquête?», s’interroge le quotidien qui estime que ce ne sera pas le cas. Sur la base de témoignages, il montre que le Conseil de la ville a été secoué par plusieurs affaires qui n’ont pas trouvé leur chemin vers les tribunaux. Assabah indique, pour sa part, que c’est le Tribunal de 1ère instance d’Aïn Sebaâ, à Casablanca, qui a hérité de ce dossier. Une source d’Assabah n’écarte pas l'hypothèse que cette saisine ait été faite sur instructions du ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad. Aussi bien Libération qu’Assabah soulignent que le PJD s’est désolidarisé d'El Haya qui, selon le parti de la lampe, s’est exprimé en son nom et non en celui du parti. Mohamed Boussaïd compte, lui aussi, saisir la justice à titre personnel, rapporte Assabah. Voilà qui promet un long feuilleton judiciaire.