Ce mardi 25 décembre, les environs de la Cour d’appel de Fès étaient sous haute surveillance à travers la mise en place d’un imposant dispositif des forces de l’ordre. En cause, la convocation par la justice du dirigeant PJDiste Abdelali Hamieddine, accusé, sur la base de nouveaux témoignages, d’homicide volontaire avec préméditation dans l’affaire de l’assassinat, en 1993, de l’étudiant gauchiste Mohamed Aït El Jid sous la main d’étudiants islamistes au campus universitaire de Dahr El Mehraz à Fès.
La principaux titres de la presse arabophone de ce mercredi 26 décembre reviennent sur la tonitruante arrivée au tribunal du présumé co-meurtrier, entouré de gros pontes de son parti, avec à leur tête l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane. C’est la présence de ce dernier qui a été surtout mise en exergue par l’ensemble des quotidiens. A commencer par Al Massae qui, dans une simple brève en Une, trouve surprenant que l’ancien chef du gouvernement se rende dans la même voiture que Hamieddine, à Fès, pour soutenir ce dernier dans sa convocation par la Chambre criminelle de la Cour d’appel, violant ainsi l'obligation de reserve qu'il devrait observer.
Une venue ostentatoire qui n’a pas non plus été du goût du quotidien Al Akhbar, qui a sobrement traité l’affaire Hamieddine en n’y consacrant qu’un petit billet d’angle. Selon ce journal, Abdelilah Benkirane a tout simplement violé le droit de réserve que lui impose sa qualité d’ancien chef du gouvernement. Non seulement il a accompagné Hamieddine au tribunal, mais il a aussi lancé, lundi dernier, un appel à tous les parlementaires du PJD pour qu’ils forment une caravane et se rendent en masse à Fès, le 25 décembre, défiant ainsi la justice.
Un défi que lui reproche Al Ahdath Al Maghribia qui titre sur toute la largeur de sa Une de ce 26 décembre: «Le Procès… Benkirane défie la justice». Traduisez: Benkirane serait venu à Fès, avec de nombreux autres dirigeants du PJD, dans ce qui s’apparente à une démonstration de force qu’Al Ahdath qualifie d’«inzal», dans le seul but d’influer sur les décisions de la justice, surtout qu’ils contestent la légalité de la convocation de Hamieddine. C’est d’ailleurs dans une ambiance électrisée que le juge d’instruction de la Cour d’appel de Fès a décidé, après «quelques minutes seulement», écrit le journal, de renvoyer l’audience au 12 février prochain.
Pour sa part, le quotidien Assabah titre: «Benkirane : nous ne vous livrerons pas notre frère», façon de rappeler le soutien apparemment constant que l’ancien chef du gouvernement n’a cessé d’apporter, depuis plusieurs années, au «frère» Hamieddine. Parlant également d’«Inzal du PJD», Assabah met en exergue, non pas la photo de Benkirane, mais celle des soutiens de la famille Aït El Jid, venus eux aussi nombreux, et qui brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire: «Non aux pressions sur la justice», «Oui à la vérité et la condamnation des criminels».
Enfin, le quotidien Akhbar Al Youm, sous le titre «Un procès miné», rapporte qu’il en a fallu de peu pour que les nombreux militants de la Jeunesse du PJD et les soutiens de la famille Aït El Jid n’en viennent aux mains, au moment où ces derniers ont qualifié les dirigeants du PJD, qui marchaient côte à côte avec Benkirane et Hamieddine, d’«assassins». Le journal précise également que 100 avocats, originaires de tous les barreaux du Maroc, ont été enregistrés par le juge d’instruction pour plaider dans cette affaire. 70 d'entre eux représentent Hamieddine et 30 défendront la famille de feu Mohamed Aït El Jid Benaïssa dont Abdelfattah Zahrach. sa presence n’a pas échappé au journal de Taoufik Bouachrine.