Telle une tache d’huile, l’affaire Hamieddine s’étend à peu à peu à d’autres dirigeants du PJD. Après Ahmed Raissouni, ancien président du MUR, c’est en effet au tour du ministre d’Etat, Mustapha Ramid, de faire l’objet d’une plainte, déposée jeudi dernier devant la justice par les avocats Abdelfattah Zahrach, Habib Hajji et Mohammed El Haini, nous apprend le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du week-end des 22 et 23 décembre.
Dans leur plainte déposée devant le procureur général près la Cour de cassation, les avocats de la défense de la famille de feu Ait El Jid soutiennent que le ministre doit répondre des délits d’«outrage à magistrat» et de propos tenant à faire pression sur la justice ou jeter un discrédit sur des décisions juridictionnelles selon les termes des articles 263, 265 et 266 du code pénal. Lesquels articles prévoient, rappelons-le, une peine allant jusqu’à un an de prison ferme et une amende de 5.000 DH.
Selon la défense de la famille du défunt étudiant de gauche, le ministre aurait également violé la Constitution en tentant d’influencer la justice et de faire pression sur les décisions des magistrats. «Personne ne pouvait s’attendre à ce qu’un ministre d’Etat chargé, de surcroît, des droits de l’Homme, s’érige en défenseur d’une personne inculpée pour complicité de meurtre, rien que parce que le mis en cause fait partie de son clan et de son parti», a notamment affirmé l’avocat El Haini, cité par Al Akhbar.
Le journal a par ailleurs rappelé que des magistrats, membres d’une coalition d’associations professionnelles, ont fermement rejeté les propos du ministre Ramid contre le corps de la justice. Le ministre n’a d’ailleurs fait qu’exprimer haut ce que pense tout le parti. Le PJD, avec toutes ses organisations, a effectivement mal pris cette mise en accusation de l’un de ses dirigeants, au point de menacer aujourd’hui de quitter le gouvernement, rapporte pour sa part le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end.
Le PJD s’est ainsi dit «prêt à renoncer au gouvernement pour soutenir Hamieddine», écrit notamment le journal. Cela s’est passé lors de la dernière séance des questions orales à la première Chambre, lorsque le groupe parlementaire du parti islamiste a prévenu que cette poursuite «aurait des conséquences politiques fâcheuses, menaçant même la stabilité du gouvernement». Le chef du groupe parlementaire du même parti s’est d’ailleurs fermement opposé à ce que son homologue de l’USFP pose une question relative à la sortie de Ramid contre la justice. La question a finalement été déprogrammée.
Dans sa question, qu’on lui a empêché de poser, le groupe socialiste a soulevé trois faits jugés graves dans cette affaire, souligne le journal. D’abord la sortie de Ramid contre l’inculpation de Hamieddine, dont le procès s’ouvre ce 25 décembre. Ensuite, le communiqué du secrétariat général du PJD signé, contrairement à son habitude, par le secrétaire général Saad-Eddine El Othmani lui-même, et enfin les propos tenus par ce derniers lors d’une rencontre interne du parti, à Marrakech, dans lesquels il a assuré «le soutien absolu» de la formation islamiste à Hamieddine.