Après avoir longtemps renié la photo prise d'elle, sans voile, près du Moulin rouge à Paris, la députée Maelainine a été contrainte de reconnaître les faits, suite à la publication par le journal Al Akhbar d’une autre photo d'elle, en robe courte, sur la place Vendôme. Pendant plusieurs jours, la députée du PJD avait crié au complot, parlé de photomontage et menacé de poursuivre en justice tous ceux qui publiaient ces photos.
Il aura fallu qu’elle rende visite, mercredi dernier, à Abdelilah Benkirane pour admettre, enfin, que ces clichés sont bien réels. Une rencontre salvatrice puisque l’ancien chef du gouvernement lui a trouvé une porte de sortie. L’inénarrable ex-patron du PJD a, en effet, prononcé une fatwa autorisant les femmes voilées de son parti à enlever le hijab. «Avant de me dire quoi que ce soit, je te reproche de n’être pas venue me voir pour me demander conseil dès que cette affaire a éclaté. Je t’aurais dit que, au delà de la véracité ou pas de ces photos, il fallait répliquer à tes détracteurs que le fait d’enlever le hijab à l’étranger ne concerne que toi. Dis-leur que, si ce choix ne plaît pas à ton mari, qu’il divorce; si tu dois à quelqu’un quelque chose, qu’il la reprenne; si tu as violé la loi, qu’on te juge; si tu n’as pas respecté un engagement avec le parti, qu’on te questionne. Mais, puisque le port du «foulard» n’est assujetti à aucun de ces facteurs, il s’agit donc d’une affaire personnelle qui ne dépend que de toi», aurait dit Benkirane à Maelaine.
Preuve que Benkirane a effectué un virage de 360 degrés sur la question du hijab. Il a ainsi rassuré Maelainine en lui disant: «Si ma fille me dit qu’elle pense enlever le hijab, je lui dirai que cette décision n’appartient qu'à elle seule». La messe est dite. Il fallait la politiser, comme sait si bien le faire Benkirane: «J’ai souvent déclaré que le voile ne constituait pas une condition pour les femmes pour adhérer et militer au sein de notre parti. Nous avons d’ailleurs cherché des femmes qui ne portent pas de voile pour qu’elles soient candidates au sein du PJD».
Réconfortée par ce soutien si précieux et inespéré, Maelainine affirme que ces photos relèvent de sa liberté personnelle: «Après avoir subi toutes ces attaques et constaté les moyens colossaux employés pour nuire à ma réputation, je suis plus que jamais convaincue que le chemin du militantisme doit être poursuivi avec beaucoup plus de détermination et de volonté. Ce combat doit être résolument mené au Maroc et à l’étranger, avec ou sans voile, pour asseoir la démocratie, la liberté, la justice, la dignité et les droits de l’Homme».
Les photos de Maelainine à Paris, tout comme celle de son collègue au PJD, le ministre Yatim, qui était apparu en compagnie d’une fille qu’il avait présentée comme sa «fiancée», ont suscité beaucoup de débats et de commentaires. La secrétaire générale du Parti Socialiste Unifié (PSU), Nabila Mouniba, n’a pas mâché ses mots, affirmant que «les hypocrites seront logés au neuvième cercle de l’enfer». Elle s’est dite intriguée par cette référence à l’islam qui autorise le port d’un short de jeunes femmes à Paris et les incite à se vêtir d'un «sac» au Maroc.
Et Mounib, qui intervenait lors d’un séminaire organisé par son parti à Tétouan, mercredi dernier, d'ajouter: «Il est devenu nécessaire de dénoncer les contradictions des islamistes. La religion appartient à tout le monde et il est inacceptable, d’une manière ou d’une autre, d’islamiser la société. Laquelle société était, dans les années 70, pleine de poètes, d’écrivains et d’intellectuels». D'ailleurs, «la popularité des islamistes ne cesse de chuter dans la région à cause de leur obédience au libéralisme sauvage», a encore déclaré Nabila Mounib.