Faire mine d’avoir tout oublié et simulant une amnésie passagère ou nier tout en bloc. La stratégie de Mohamed Moubdiî face au juge d’instruction ne semble pas lui avoir été d’une grande utilité. Les faits sont là. L’ancien ministre poursuivi pour formation d’une bande criminelle, détournement et dilapidation des biens publics, abus de pouvoir, entre autres chefs d’inculpation, a bien du mal à réfuter, par exemple, le fait que le patron d’un bureau d’études lui ait remis une voiture d’une valeur de 17 millions de dirhams en guise de cadeau.
En même temps, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du jeudi 11 mai, la commune qu’il dirige a commandé des études pour lesquelles elle a déboursé la bagatelle de 29 millions de dirhams. Un marché accordé à un bureau d’étude sans fixer de montant ni de date d’exécution. Ce qui est, d’après le quotidien, une infraction flagrante à la législation relative aux marchés publics.
En y regardant de plus près, les enquêteurs ont pu constater que malgré le fait que ce marché soit resté ouvert depuis 2016 et donc jamais réalisé, la commune a effectivement débloqué les fonds s’y rapportant.
Plus encore, le Conseil communal a accordé, depuis, deux autres marchés au même bureau d’études. Lesquels marchés, précise le quotidien, ont porté sur le schéma directeur de l’assainissement et de la mise à niveau urbaine de la ville. Il en découle, relève Assabah, que ce bureau d’étude a eu clairement droit à un traitement préférentiel de la part de la commission chargée d’étudier les dossiers des soumissionnaires et les offres des autres concurrents. Ce n’est pas tout puisque le rapport de la commission comporterait même des éléments falsifiés qui ne correspondent en rien aux véritables termes de passations de ce marché.
L’ancien ministre et actuel président de la commune de Fkih Bensaleh a été incapable, et non faute d’avoir essayé, de nier des cas de détournement de fonds, dans le cadre justement de passation de marché publics au profit de sa commune. Il s’agit principalement de marchés dont il a ordonné de changer les termes, sans passer par les procédures d’usage. Ce qui a occasionné des pertes conséquentes pour la commune. Entre autres exemple cités en ce sens par le quotidien, le remplacement du carrelage dans le cadre d’un marché relatif à la mise à niveau urbaine par des pavés. Ce qu’il a essayé d’abord de nier avant de se raviser soulignant que ce changement des termes de ce marché a été imposé par les contraintes techniques.
Autre cas cité par le quotidien, un marché public accordé par la commune à une entreprise ne présentant pas les conditions légales acquises, en termes de compétences techniques et humaines.
Ce sont des pratiques dans lesquelles sont également impliqués plusieurs personnes dont l’architecte de la commune, des bureaux d’études et les responsables de certaines sociétés qui ont pu obtenir des marchés dans des conditions contraires à la loi.