Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami, était un cadre socialiste de haut rang avant de claquer la porte lors du neuvième congrès de l’USFP en janvier 2013. Celui qui a été ministre puis ambassadeur avait, alors, déploré «la confiscation du droit des socialistes à choisir leurs appareils décisionnels».
L’hebdomadaire Al Ayyam rapporte dans une interview réalisée avec le président du CESE, dans son édition du 16 au 22 décembre, que bien qu’il ait pris ses distances avec le parti, son cœur a continué de battre au rythme de ses réussites et de ses échecs. Interrogé sur la situation du parti et sur la fidélité à ses choix et ses positions politiques, l’ex-dirigeant est resté égal à lui-même en évitant de personnaliser le débat ou de jeter l’anathème sur une sensibilité.
Ceci étant, Chami reconnait que l’USFP connait une régression inquiétante sur l’échiquier politique national. Le parti, ajoute-t-il, n’adopte plus une ligne politique claire et cohérente qui faisait sienne les préoccupations des classes populaires et moyennes notamment dans les villes.
Aujourd’hui, poursuit-il, il existe un sentiment partagé qui confirme que le projet socialiste connait un essoufflement des espoirs qu’il portait au sein de la société pour défendre les libertés et la justice sociale. Il ne faut pas se leurrer, précise-t-il, et jubiler comme le font certains en surévaluant les résultats obtenus par l’USFP lors des dernières élections législatives. Les socialistes, y compris le premier secrétaire, ne peuvent se satisfaire du maigre butin d’un parti qui a toujours raflé la mise, ni d’accepter qu’il se contente de meubler la scène politique, indique Ahmed Reda Chami.
Selon Chami, l’évaluation des résultats des élections devrait se faire dans sa globalité en y incluant l’absence du parti à la tête des régions et des grandes villes. Encore faut-il préciser, ajoute-t-il, que ce bilan doit être dressé au congrès en faisant participer toutes les voix et les sensibilités sans restriction aucune. Lesquelles voix devraient se contenter de faire le check up de la participation du parti au gouvernement précèdent ainsi que de la gouvernance et de la démocratie dans la gestion des affaires du parti.
Questionné sur les rumeurs qui circulent sur une éventuelle reconduction de l’actuel parton du parti, Driss Lachgar, il a indiqué ne pas croire que le sujet a été évoqué au sein de la commission d’organisation et des lois. Ceci étant, ajoute-il, au-delà des choix de personnes, les socialistes doivent bénéficier, lors du congrès, des conditions nécessaires et d’un climat démocratique qui leur permettront de choisir librement le projet qui pourrait constituer un tournant salvateur pour le parti.
Ce faisant, Chami estime qu’il ne faut pas réduire le congrès à une étape organisationnelle car depuis la création de l’USFP, les congrès ont été toujours l’occasion de débattre des problématiques politiques, économiques, sociales et culturelles qu’affrontait le pays à l’intérieur comme à l’extérieur. Il ne faut pas, souligne-t-il, personnaliser le débat et reconnaitre que les causes de la chute du parti sont multiples parmi lesquelles se trouvent les luttes personnelles. Mais il faut admettre que chaque socialiste assume une responsabilité dans cet échec.
Autant dire qu’il faut sauver ce qui reste à sauver en adoptant une méthodologie objective et rationnelle à même d'ouvrir le débat dans le cadre de concertations élargies avec les militantes et les militants, conclut Ahmed Reda Chami.