Le cinquième mois des négociations pour la formation du gouvernement tire à sa fin, sans que le moindre signe de déblocage ne se profile à l’horizon. Cette situation a fait, durant toutes ces dernières semaines, les choux gras de la presse qui y est allée de ses révélations et éclairages sur les coulisses des tractations. Dans son édition du mardi 28 février, le quotidien Akhbar Al Yaoum rapporte ainsi les détails d'une discussion entre Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement désigné, et Aziz Akhannouch, président du RNI. Lors de cette rencontre, en pleine période de tensions, entre les deux hommes, Benkirane aurait affirmé à son interlocuteur son «intention de s’en remettre à l’arbitrage royal et d’informer le souverain de sa volonté de partir puisqu'il n’a pas réussi à composer son gouvernement». Il aurait même invité Akhannouch à prendre sa place à la tête du prochain gouvernement. Ce à quoi Akhannouch aurait répondu, selon les sources d’Akhbar Al Yaoum, «Non, moi je serai chef de gouvernement en 2021».
Le quotidien, réputé proche du gouvernement, révèle également que certaines pistes ont été étudiées pour tenter de dépasser la situation de blocage. Le président du RNI aurait ainsi appelé l’USFP à proposer des noms de ministrables qui se présenteraient sous l’étiquette RNIiste, proposition refusée par Driss Lachgar, SG de l’USFP. Par ailleurs, Aziz Rebbah aurait demandé à Benkirane d'accepter l’USFP dans le gouvernement, se disant prêt à défendre publiquement cette idée qui sera cependant vite abandonnée, là encore, suite au refus du secrétariat général du PJD.
Autre information révélée par Akhbar Al Yaoum: lors de la rencontre entre Benkirane et Fouad Ali Al Himma, ce dernier aurait rassuré le chef de gouvernement désigné en déclarant «que le gouvernement finirait par se constituer malgré les difficultés». «Benkirane se montre optimise quant à la fin du blocage», titre d'ailleurs le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du mardi 28 février. Et de préciser que le SG du PJD a rassuré ses troupes, lors de deux réunions avec les leaders du parti, en leur annonçant que «le gouvernement était en passe de se constituer», au vu de «certains indicateurs positifs». Selon la même source, le SG du PPS et principal allié de Benkirane, Nabil Benabdellah, jouerait un important rôle d’intermédiation entre le chef de gouvernement désigné et Akhanncouch. Actuellement en compagnie du président du RNI à Abidjan dans le cadre de la tournée royale, il tente de le convaincre de négocier avec l’USFP.
En attendant l’issue de ces tractations, le Parlement, à l’arrêt à cause du blocage, veut tenter un tour de force. Le quotidien Assabah révèle en effet que des parlementaires, menés par le PAM, font pression sur Habib EL Malki, président de la Chambre des représentants, et Hakim Benchemass, président de la Chambre des conseillers, pour invoquer l’article 42 de la Constitution qui précise que «le roi, chef de l’Etat, son représentant suprême, symbole de l’unité de la Nation, garant de la pérennité et de la continuité de l’Etat et arbitre suprême entre ses institutions, veille au respect de la Constitution et au bon fonctionnement des institutions constitutionnelles…». L’équipe parlementaire du PAM a envoyé une lettre dans ce sens à la présidence du Parlement pour réclamer l’arbitrage royal.
La lettre, citée par Assabah, fait porter à Benkirane la responsabilité de la situation et souligne que ce dernier touche son salaire sans rien faire pour le pays, si ce n'est lui attirer des déconvenues par ses déclarations irréfléchies, à l'exemple de celles qu’il a formulées à l’encontre de la Russie.