D’ordinaire, les communiqués du bureau politique du RNI ne contiennent pratiquement rien d'intéressant, si ce n'est les traces de ses escarmouches avec le PJD. Cette fois, c'est différent. Dans le communiqué diffusé à l'issue de la réunion, vendredi 24 juillet, de son organe exécutif, le RNI s'attaque non pas à un adversaire politique, mais à un membre de son propre bureau politique, le ministre de l'Economie et des finances Mohamed Benchaâboun. Le RNI, revenant sur la loi de Finances rectificative, s'est, en effet, interrogé sur l'absence de réponses, dans ce texte, aux aspirations des acteurs économiques et sociaux pour préserver les postes d'emploi et redynamiser la vie économique en cette conjoncture de crise, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du lundi 27 juillet.
Au moment où il s'attaquait ouvertement à son ministre de l'Economie et des finances, le RNI saluait, en revanche, l'action de ses trois autres ministres. Il s'agit du ministre de l'Agriculture, Aziz Akhannouch, du ministre de l'Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy et de la ministre du Tourisme, Nadia Fettah. Cette attaque frontale contre l'argentier du Royaume, poursuit le quotidien, s'inscrit dans la ligne de l’intervention, tout aussi virulente, du député Mustapha Baitas, lors du débat du PLFR au Parlement. Une sortie qui avait alors été incomprise non seulement par le ministre, puisqu'elle émanait d'un membre de son parti, mais aussi par l'opinion publique. Tout le monde avait pensé qu'il s'agissait d'un incident isolé ou d'une initiative personnelle du jeune député.
Manifestement, il n'en était rien. Tous ceux qui avaient alors pris la défense du ministre des Finances ont été rappelés à l'ordre, souligne le quotidien. Même l'ancien ministre de la Jeunesse et des sports, qui a été pris à partie par le PJD pour une sombre affaire de plateforme numérique qui aurait coûté au ministère bien plus que la valeur réelle de sa réalisation, est entré en jeu. Le dirigeant RNI aurait ainsi confié à ses proches qu’ils soupçonnait son collègue au bureau politique d’avoir fait fuiter un rapport de l’IGF sur le sujet.
Ainsi, note Al Ahdath Al Maghribia, beaucoup de petits incidents du genre ont fini par prendre de l'ampleur. Et il a donc fallu réagir. Il ne faut pas oublier que le président du parti lui-même avait publié une tribune dans la presse pour mettre en garde contre une politique d'austérité au sortir du confinement. Le ministre des Finances n'a apparemment pas pris en compte les idées contenues dans cette publication. D’autant qu’en tant que président du CVE, il a pris un certain nombre de décisions aussi bien au niveau social qu'au niveau des entreprises. Des décisions qui ont déçu le parti et sa base, qui compte un grand nombre d’hommes d’affaires.
Quand on pense que le RNI, dont le cercle des adversaires politiques s'est agrandi, s'apprête, comme tous les autres partis d'ailleurs, à entamer une année électorale, on comprend à quel point les décisions du ministre des Finances peuvent s'avérer gênantes pour sa formation. Et quand on sait que le ministre, un banquier de carrière nommé en remplacement de Mohamed Boussaid, a dû mettre la casquette du RNI juste pour préserver un certains équilibre au sein de la majorité, on comprend pourquoi le RNI tient aujourd'hui à garder ses distances avec lui.
Une décision qui, finalement, arrange tout le monde, conclut Al Ahdath Al Maghribia. Le ministre est ainsi libéré des contraintes d'une appartenance politique qu'il n'avait pas souhaitée et le RNI se désengage des décisions qu'il pourrait prendre au risque de compromettre les ambitions électorales du parti.