Ceux qui avaient suivi le déroulement des manifestations des enseignants-stagiaires auront sûrement décelé la trace de Al Adl Wal Ihssane. Des signes qui ne trompent pas comme l’organisation et cette manie à tenir tête aux forces de l’ordre pour les pousser à charger.
Une mise en scène qui s’est répétée à Casablanca et Inzegane, entre autres, où l’on a vu les forces de l’ordre répéter les sommations d’usage pour demander la libération de la voie publique et la fin de manifestations non autorisées.A Fès et Tanger, les enseignants-stagiaires ont été notifiés de l’interdiction de leur marche et ont respecté la loi.
Dans les autres villes, Al Adl, qui tire les ficelles, a choisi l’escalade pour ensuite faire sa sélection de clichés et les diffuser à large échelle. L’objectif étant toujours le même : véhiculer le message d’un «régime despote» et remettre en cause tous les acquis accumulés des années durant par le Maroc.
Mais, pour les adlistes, des manifestations comme celles des enseignants-stagiaires sont une occasion inespérée pour maintenir la pression sur les autorités et les forces de l’ordre dans une conjoncture assez spéciale (les défis sécuritaires, la lutte contre la criminalité…).
Il était une fois les «Tansikiate»Al Adl, avant les manifestations des enseignants-stagiaires, avait déjà marqué sa «rentrée» l’automne dernier avec les manifestations à Tanger et d’autres villes du Nord contre les factures jugées salées de la société Amendis. La majorité des manifestations ont été encadrées par des militants de la Jamaâ et des dérapages ont bien eu lieu.
Bien avant Amendis, dans les années 2000, Al Adl a animé l’essentiel des «Tansikiate» du pays, une soixantaine de ces coordinations qui protestaient contre la cherté de la vie. La Jamaâ y monopolisait la prise de décision face à une présence minoritaire d’alliés objectifs se recrutant dans ce qui restait de l’extrême gauche.
Et quand ce n’est pas un dossier social à accaparer, Al Adl «innove» pour préserver sa visibilité dans la rue. L’exemple le plus parlant est l’exploitation des mosquées, ces lieux de culte qui doivent en principe rester loin des clivages et des calculs politiques. La Jamaâ et ses adeptes tiennent à tout prix à y organiser leur «I3tikaf», ces retraites des dix derniers jours de chaque Ramadan alors que, depuis belle lurette, les autorités ont été fermes et signifié à tout le monde qu’une telle pratique est interdite.
Et quand ce n’est pas l’I3tikaf, Al Adl a inventé les fameuses «Waqafat Masjidiya», ces sit-in devant les mosquées chaque vendredi.
C’est à ce jeu dangereux que la Jamaâ joue toujours, agacée semble-t-il par le grand flop appelé «Printemps arabe» qui a débouché, dans toute la région, sur un terrible automne. Aujourd’hui, les enseignants-stagiaires constituent une autre carte à jouer pour Al Jamaâ qui cherche à montrer qu’elle est toujours capable de mobiliser et de provoquer.