Al Adl Wal Ihssane voulait-elle «narguer» le Parti islamiste au pouvoir, le PJD ? C’est en tout cas l’impression qui ressort du communiqué de ce mouvement islamiste ultra-radical, diffusé, lundi 17 novembre, suite à la réunion de son bureau politique samedi et dimanche. Evoquant le scrutin législatif, qui s’est déroulé fin octobre en Tunisie, berceau du «printemps arabe», la Jamaâ fondée par Abdessalam Yassine s’est d’abord félicitée du recours aux urnes, «mécanisme civilisé », pour départager les adversaires politiques, avant de saluer subrepticement «l’alternance au pouvoir» traduite par la victoire du parti laïc, Nidae Tounes, de Béji Caïd Sebssi, ancien ministre de Bourguiba, considéré comme le père de la Tunisie moderne et laïque.
Signée du bureau politique d’Al Adl Wal Ihssane, présidé par Abdelouahed Moutawakil, cette déclaration retentit comme un désaveu de l’expérience du parti islamiste tunisien Ennahda au pouvoir depuis trois ans et, par ricochet, à son équivalent marocain, le Parti Justice et Développement. A cet effet, la Jamaâ n’a pas manqué d’épingler la politique impopulaire du gouvernement Benkirane. Dans son communiqué, elle dénonce ce qu’elle a appelé «les mesures économiques injustes» prises par l’Exécutif, épinglant au passage «les hausses à répétition des prix des produits de base et des services publics, dont l’électricité, l’eau potable et les carburants». En somme, une politique «antisociale» qui viserait finalement à «porter atteinte au pouvoir d’achat» des citoyens, martèle Al Adl Wal Ihssane, qui tacle de manière à peine voilée ses «confrères» du PJD. Un tacle ou plutôt un signal négatif aux «amis d’hier», à moins d’une année électorale cruciale pour le parti de la Lampe.