Le mouvement islamiste Al Adl Wal Ihssane fait sa rentrée politique. Et il a choisi cette période de "vacance politique" -Benkirane n'ayant toujours pas formé son gouvernement-, pour larguer un rapport 2016 tout ce qu'il y a d'alarmiste sur la situation du pays.
Dans ce rapport, diffusé sur son site officiel ce 1er décembre 2016, le mouvement islamiste interdit (mais toléré) semble avoir quelque chose d'"édifiant" à nous dire sur l'état politique, économique, social, culturel et associatif du pays. Or, ne le voilà-t-il pas refaire du neuf avec du vieux, resservir les mêmes stéréotypes, avec en toile de fond cette légendaire image d'Epinal où il avait coutume de projeter ses imprécations contre le "système despotique", faisant "tabula rasa" de tous les acquis politiques, des efforts jusqu'ici déployés, en amont comme en aval, pour offrir au pays, -et à tous les pays de la région-, un modèle de démocratie et de progrès.
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La méthode, on ne la connaît que trop. Elle emprunte à un manichéisme éculé, voire fossilisé, consistant à "classer" le Bien incarné par le "système" et le "Mal" personnifié par le "peuple"! Peu importe si le peuple a plébiscité la nouvelle Constitution en ce mémorable 1er juillet 2011, elle aurait été "octroyée"! Les acquis démocratiques apportés par cette même Constitution, quoique reconnus et salués à l'international, ne seraient que de "la poudre aux yeux"! Au même titre que les élections législatives du 7 octobre dernier, dont la transparence a été reconnue par tout le monde, y compris et surtout le parti de la justice et du développement (PJD), qui va devoir rempiler une deuxième fois à la tête du gouvernement!
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D'après "Al Adl Wal Ihssane", cette échéance démocratique n'aurait même pas eu lieu d'être puisque, selon sa jugeotte, elle n'aurait, à défaut de "légitimité", générée que "dilapidation de deniers publics"! Le mouvement semble avoir un "argument" de poids pour justifier "l'inutilité" de ce scrutin: "seulement 20%" de Marocains auraient voté lors de ces élections! Le ministère de l'Intérieur, qui a avancé le taux de 43%, devrait ainsi revoir ses calculs, encore que d'après les "frères éclairés", il ne servirait à rien d'organiser des élections!
Al Adl Wal Ihssane déplore "l'absence d'offre politique" de la part du "Makhzen". D'accord, mais ce mouvement en aurait-il d'autres? Quelles propositions avancerait-il dans son vieux-nouveau rapport pour nous convaincre de son sérieux? Circulez, il n'y a rien à voir ou presque.
Au bout de tout un réquisitoire contre le "système", mâtiné de larmes crocodilesques sur le décès tragique du poissonnier d'Al Hoceïma, instrumentalisé indécemment à des fins bassement politiciennes, Al Adl Wal Ihssane se fend de 6 (bien six) "propositions" susceptibles de nous épargner le légendaire "déluge" promis par feu Abdessalam Yassine.
"Rompre avec le despostisme", "jeter les fondements de l'Etat de la liberté, de la dignité et de la justice", "ne pas parier sur le temps pour nous ramener à la période pré-2011", s'attacher réellement au choix populaire", "corréler entre responsabilité et reddition des comptes" et, in fine, "instituer une nouvelle réforme constitutionnelle"!
Voilà l'"offre politique" que propose Al Adl Wal Ihssane pour. Vous avez dit "offre politique"? Un peu de sérieux, quand même!