Le décès du wali d’Annaba, le 23 décembre, à Paris, continue de secouer le landerneau médiatico-politique algérien. Les circonstances qui ont mené à ce décès, -«crise cardiaque », selon la version officielle-, sont aussi mystérieuses que la désignation du défunt comme ennemi juré de la mafia de l’immobilier, connue pour ses sombres accointances avec les hautes sphères du pouvoir. «La crise cardiaque (du défunt Sandid) ne serait pas le fait du hasard», écrivait l’influent quotidien Al Watan en glorifiant la mémoire d’un «énarque très rigoureux qui faisait le maximum pour faire respecter l’administration et l’Etat de droit». «Malheureusement pour lui, il est tombé sur une mafia locale très bien protégée », relevait encore le quotidien, relayé par ses confrères qui évoquent depuis des semaines des «pressions» insoutenables exercées sur le wali par des dignitaires locaux liés au régime, sans toutefois les nommer.
Déplorant «le silence gênant» du gouvernement sur cette mort énigmatique, «Tout sur l’Algérie », plus connu sous le signe de TSA, fait état de «fortes pressions» de la part des partis politiques pour l’ouverture d’une enquête sur l’étrange mort de ce wali «intègre qui accomplissait son travail avec devoir».
Levée de boucliers chez les partis politiquesDans le flot des réactions en chaîne, pointe celle de la présidente du Parti des Travailleurs, Louisa Hanoune, qui a attribué ce décès à la «mafia du foncier» à Annaba, ville côtière très convoitée par les promoteurs immobiliers. Pour sa part, le président de Jil Jadid (Génération nouvelle), Soufiane Jilali, a appelé à l’ouverture d’une enquête sur des «pressions subies par le wali d’un des départements les plus riches d’Algérie». Le même appel est relevé chez le dirigeant islamiste Abdellah Jaballah, qui a demandé aux services de sécurité d’enquêter «sérieusement» sur les circonstances de cette disparition imputée à une prétendue «crise cardiaque». Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a abondé dans le même sens et exigé une enquête «rigoureuse» et «transparente» pour «ne pas laisser la rumeur s’amplifier au risque d’alimenter une guerre des clans attisée par la fonte de la rente», dans une insinuation à peine voilée à l’effondrement des prix du pétrole.
Précédemment wali de Béchar, de Khenchela et d’El Oued, Mohamed Mounib Sandid, père de quatre enfants, a été nommé wali d’Annaba le 28 octobre et a occupé ce poste jusqu’à sa mort, à l’âge de 60 ans.