L’ancien ministre algérien à la Défense, accusé d’être à l’origine de l’avortement du processus électoral qui devait porter le Front Islamique du Salut au pouvoir en 1991, fait feu de tout bois. Khaled Nezzar, qui coule une paisible retraite actuellement en Suisse, rejette toute responsabilité dans le massacre perpétré à l’encontre des militants du FIS en juin 1991 sur les places d’Alger, pointant plutôt l’ancien chef de gouvernement sous Chadli Benjedid, en l’occurrence Mouloud Hamrouche.
«C’est bien Mouloud Hamrouche, à l’époque chef de gouvernement, qui avait ordonné de tirer sur les manifestants», affirme l’ancien ministre de la Défense ce mardi à la presse algérienne.
La sortie de Nezzar, accusé aussi d’avoir poussé au départ l’ancien président Chadli Benjedid, se veut une réponse à une déclaration de Mouloud Hamrouche reniant toute responsabilité dans la tuerie orchestrée contre les militants du parti islamiste d’Abbassi Madani. «Hamrouche dit avoir démissionné dès qu’il a pris connaissance de l’utilisation des armes pour disperser les manifestants. Bon c’est ce qu’il dit. Il avait peut-être démissionné oralement. Mais il était toujours en fonction», a martelé l’ancien chef d’état-major de l’armée algérienne.
Dans la foulée de ces tirs nourris, Nezzar pointe l’ancien président Chadli Benjedid et un responsable au sein de la sécurité présidentielle, soit le général Betchine, accusé d’être «l’artisan des tortures qui auraient été pratiquées dans une caserne abandonnée à l’époque par l’armée» à l’encontre des militants du Font islamique du salut.
Cette vive passe d’armes médiatique intervient alors que le général Nezzar essuie une tempête de critiques en raison de son rôle dans l’avortement du processus électoral et de l’arrivée des islamistes au pouvoir. Un coup de force qui a entraîné l’Algérie dans une sanglante guerre civile (250.000 morts!).