«L’Algérie est en crise». Le propos est d’Abdelmalek Sellal, chef du gouvernement algérien, rapporte Akhbar Al Yaoum, dans son édition de vendredi 23 janvier. Un propos à la limite de l’aveu d’échec qui, relevé à la bouche du chef de l’actuel Exécutif algérien, prend une consonance particulière. D’autant plus que le gouvernement Sellal n’a jamais depuis le début de la chute des prix du pétrole daigné reconnaître ne serait-ce que l’éventualité de cette crise. Mais voilà, les faits sont têtus, serait-on tenté de dire. Invité de la première chaîne de télévision algérienne, Dzaïr TV, mercredi 21 janvier, il a non seulement reconnu l’existence de cette crise, mais il s’est mis encore à en énumérer les répercussions. Première répercussion, et elle n’est pas des moindres : «la mise en veilleuse des grands projets ne revêtant pas un caractère urgent, tels que le projet du tramway et le transport ferroviaire». Qu’en est-il de la problématique vraisemblablement insoluble du chômage ? «L’emploi dans la fonction publique sera carrément gelé en 2015», ce qui risque d’aggraver encore plus la crise sociale dans un pays qui n’a su tirer profit de la manne pétrolière et gazière pour booster l’emploi, notamment des jeunes.
Le gouvernement Sellal face à lui-même«Le gouvernement n’a pas su anticiper une baisse durable des recettes d’exportation, n’a pas mis le holà aux importations, et a misé à outrance sur les plans de relance budgétivores sans arriver à relancer les secteurs producteurs et les investisseurs créateurs de richesses et d’emploi, en dehors des hydrocarbures», dégaine le quotidien algérien Al Watan, en mettant en garde contre «un possible retour à terme à l’endettement du pays, voire, selon les spécialistes, le risque d’une cessation de paiement». «Ce qui fragilisera, poursuit la même publication, la position de l’Algérie et menacera sa stabilité dans une conjoncture géopolitique particulièrement difficile».
La crise refait planer le spectre des émeutes de 1980Un scénario tel que celui des années 80 se profile à nouveau en Algérie. Le quotidien Le Monde avait averti qu’une baisse supplémentaire du prix du baril de pétrole, aujourd’hui sous la barre de 50 dollars, entraînerait systématiquement la fin du régime algérien. Dans un article intitulé « les grands perdants de la chute du pétrole », le quotidien français a expliqué que l’Algérie comptait beaucoup sur les hydrocarbures, qui représentent 97% des recettes des exportations, et ne pouvait plus se permettre ce luxe ». Avec l’effondrement des cours, l’Algérie risque de revivre un cauchemar similaire à celui de 1988 quand les travailleurs entreprirent des grèves explosives.