Rarement hostilité algérienne envers le Maroc aura atteint un niveau aussi rageur que cet été. Ici, des accusations "psychotiques" portées par les apparatchiks algériens, et relayées à grand renfort de manchettes par une presse algéroise à la botte du puissant Département de renseignement et de la sécurité, DRS, à l’encontre de Rabat qui voudrait noyer le voisin de l’Est de "cannabis" ; là, de fausses complaintes quant à une implication, imaginaire, des sécuritaires marocains dans les violents affrontements ethnico-religieux entre Malékites et Mzabes, à Ghardaya, dans le sud de l’Algérie… Mais quel serait, finalement, le mobile de cette attitude délibérément hostile envers un voisin marocain pourtant très favorablement acquis au bon voisinage et à la construction maghrébine? Il y a des signes qui ne trompent pas. Parallèlement à cette offensive hystérique et, faut-il l’occulter, très peu habituelle, du moins du point de vue Relations internationales, en dehors du "cas" des deux Corées, Nord et Sud, il y a un fait qui ne saurait laisser indifférent : cette "université d’été", généreusement financée par la Sonatrach, sous l’instigation et la supervision du fameux DRS du général-major Ahmed Medine, alias "Tawfik", avec la participation massive des séparatistes de l’intérieur! "La campagne rageuse menée par Alger ne date certes pas d’hier", relève le journaliste de Médi1 TV, Youssef Belhaissi, qui accueillait, vendredi soir, sur le plateau et dans le cadre d'une émission spéciale", un aéropage de politologues et de spécialistes des questions géostratégiques au Maghreb. Mais voilà, a-t-il relevé, "elle est passée à la vitesse supérieure" et rappellerait étrangement le contexte (explosif) des années 70! "L’université d’été, organisée, à la mi-août, à Boumerdes, sous le faux couvert d'un forum d’échange et de débat intellectuel, rappelle à notre souvenir le bon vieux temps des camps de concentration et d’entraînement des séparatistes sous la houlette des groupes terroristes", lance Belhaïssi, en introduction de son émission débat. Il est vrai que "l’université" en soi n’est pas un fait nouveau, elle en est à sa cinquième édition", fait constater le politologue Manar Slimi. "Cela ne devrait surprendre personne", acquiesce son collègue Abdessalam Ajlaoui, spécialiste des questions géostratégiques africaines. "Chacun sait qu’Alger peine encore à se débarrasser de ses tropismes coloniaux, d’où son discours passéiste voire paranoïaque", martèle Ajlaoui. Oui, mais quel rapport pourrait avoir le Maroc avec les affrontements de Ghardaya, au sud algérien? Quel argument pourrait-elle bien faire valoir pour démontrer cette "implication" présumée du Maroc dans des événements qui ne le regardent ni de près ni de loin?
Faux prétexte, vrai plan de déstabilisation
Alger n’y cherche-t-elle pas un prétexte pour provoquer un Gdim Izik Bis, comme cela a été le cas en cette fin décembre 2010 à 10 kilomètres de Laâyoune ? Manar Slimi est on ne peut plus explicite : "L’université de Boumerdès entre bel et bien dans le cadre des préparatifs de nouveaux actes de déstabilisation dans les provinces du sud marocain". Et ce ne sont surtout pas les preuves qui (nous) contrediront. Après clôture de cette soi-disant "université", pour laquelle Alger a mobilisé des universitaires de Sétif, des acteurs de la société civile, sans oublier les hauts gradés de l’armée et du renseignement, les "frontistes de l’intérieur" avaient été intercepté, à leur retour, à l’aéroport de Laâyoune, avec des tenues militaires, des tracts et autres emblèmes de la chimérique "république sahraouie" … A l’évidence, il apparaît que les nervis séparatistes de chez nous n’ont pas fait le déplacement à Boumerdès pour "se cultiver", loin de là. "Avec les tristes événements de Gdim Izik, ils ont au moins un antécédent", met en garde Slimi, en signalant trois indicateurs suffisants pour mettre en évidence des préparatifs, à Alger, en perspective d’une nouvelle tentative de déstabilisation anti-marocaine. Un, "le rythme ascendant des déclarations hostiles" ; deux, après l’échec des provocations sur le front des droits de l’homme au Sahara marocain, l’ouverture d’un nouveau front sur fond de drogues ; trois, la course frénétique à l’armement. Voilà les termes de cette nouvelle campagne anti-marocaine. Une campagne, explique Ajlaoui, qui n’aurait d’égale que la crise profonde qui mine, aujourd’hui plus que tout autre temps, le pouvoir algérien. "Il est faux de dire qu’Alger se bat pour les beaux yeux du soi-disant peuple sahraoui, elle s’en passerait superbement. La seule explication à cette hostilité inouïe est cette magnifique projection de puissance marocaine en Afrique, outre-Atlantique et en Europe. Autant d’éléments de force qui constituent un sérieux motif de malaise pour un voisin dépassé par le train des événements", clarifie ce spécialiste des questions africaines.