Ali Aarass se rappelle à notre bon souvenir avec sa grève de la faim dans sa cellule de Salé et le lancement, par ses défenseurs, d’une nouvelle campagne de dénigrement contre le Maroc et ses institutions. Pourtant les faits sont là et ils sont têtus. Lui, ses proches et ses avocats, comme les autorités espagnoles qui l’ont extradé vers le Maroc en 2010, savent toute la vérité. Et surtout toute la vérité sur les plans de Ali Aarass et ses convois d’armes vers le Maroc, via l’enclave de Melilla. Petit rappel des dessous d’une affaire qui remonte aux débuts des années 2000 et bien avant. En 1996, et via Abdelkader Belliraj, Ali Aarass fait la connaissance, à Bruxelles, de plusieurs terroristes algériens. L’un d’eux, Rabeh Ben Aâttou, qui fréquentait assez souvent sa librairie «Annour», allait vite devenir son fournisseur d’armes. Et ces armes étaient destinées au Maroc : pas pour y chasser des perdrix, mais pour des attentats sanglants visant à renverser le régime.
L’armurier des terroristesLe premier convoi d’armes remonte à 2002. Ali Aarass, comme il l’avouera lui-même devant les enquêteurs, avait acquis un fusil Kalachnikov et deux pistolets (9 mm) avec leurs munitions pour la somme de 2.000 euros. Il les achemine lui-même et les cache chez son père à Melilla avant de prendre contact avec le célèbre Mohamed Neggaoui (ou Abdellah Rifi ou El Oujdi), leader du Mouvement des moujahidine marocains, à Tanger. La même année, les armes arrivent à Tanger, puis sont confiées à un autre individu à Berkane. Et Ali Aarass prenait toutes les précautions nécessaires ; celle, entre autres, d’utiliser le véhicule de son papa immatriculé à Melilla pour ne pas éveiller les soupçons. Dès lors, il est nommé chef de la commission militaire du mouvement.
Fier de son nouveau grade, celui qui a fait siennes les idées les plus extrémistes dès le début des années 1990, voulait aller plus loin. En 2002 également, il commande à Bruxelles 2 kilos d’explosifs (CMTX), plusieurs détonateurs et sept pistolets (Scorpion). Pour tout le pack, il paie 5.100 euros à son fournisseur, le même Rabeh Ben Aâttou. Les armes et les explosifs sont acheminés au Maroc et confiés à une personne inconnue sur recommandation de Abdelaziz Soumah, autre «haut gradé» du Mouvement des Moujahidine marocains.
Enfin, en 2005, Ali Aarass casse sa cagnotte et se procure un arsenal à décimer une armée : 100 pistolets automatiques, 10 fusils Kalachnikov, 20 grenades, 10 kilos d’explosifs (CMTX et C4), ainsi que des détonateurs et pas moins de 2.000 cartouches. Il a transporté tout cet arsenal de Bruxelles à Melilla. Mais les enquêtes de l’époque ne nous disent pas si ces armes sont entrées au Maroc. Ce qui est sûr est qu’elles étaient destinées à y semer la mort et déstabiliser le pays.
Quand Neggaoui dit toutCeux qui avaient suivi les péripéties du procès du groupe «Pierre Robert», le terroriste français qui voulait devenir Emir au Maroc, se souviennent des fracassantes révélations faites à l’époque (2004) par Mohamed Neggaoui. Certains se souviendront aussi de comment les enquêteurs étaient allés repêcher des armes à Nador, Berkane et Khémisset. Lesquelles armes n’étaient en fait qu’une partie des «joujoux» de la mort, introduites au Maroc par Ali Aarass. Pire : les expertises de la balistique réalisées à l’époque ont démontré que les armes d’Aarass étaient en bon état et prêtes à servir. Mais cela fait un bon bout de temps et certains ont la mémoire vraiment très courte.
Ali Aarass a été condamné à 12 ans de prison. A sa libération, une fois sa peine purgée, on le verrait peut-être déchirer son passeport marocain en direct sur quelque chaîne de télévision belge… Pour le moment, il a choisi la carte de la grève de la faim pour revêtir le costume de la victime persécutée. Un rôle qui ne convainc que ceux qui détournent leurs yeux de la vérité.