Le Polisario est au bord du gouffre. La situation interne dans les camps est sur le point d’exploser. Le flou qui entoure la prise de décision au sommet de la hiérarchie militaire algérienne n’arrange pas les affaires de la direction du front séparatiste. Il est clair que, pour le Polisario, le pire est à venir, écrit le quotidien Assabah dans son édition du lundi 22 février. D'autant que la situation dans les camps est en ce moment explosive, note le quotidien. Les camps de Tindouf traversent, en effet, une crise aux dimensions multiples, avec différents intervenants. Le quotidien parle ainsi d’une crise alimentaire et sociale qui ne cesse de s’aggraver.
Pire encore, les canaux de communication entre l’édifice Antar, le siège de la direction du Polisario et le palais d’El Mouradia à Alger sont totalement coupés. Alger ne fait plus confiance à ses protégés, et ce au point d’envoyer des espions dans les camps pour se tenir informée de la réalité de la situation à Rabouni. Il faut dire, précise Assabah, que même au niveau de la hiérarchie militaire algérienne, tout le monde n’est pas sur la même longueur d’onde. Assabah évoque même un conflit de pouvoir au moment où, au sommet de l’ANP, on est occupé à chercher un successeur au général Changriha, actuel chef d’Etat-Major en poste depuis à peine un peu plus d’une année.
L’avenir politique de ce dernier, précise le quotidien, est intimement lié aux prochaines élections législatives qui seront dirigées par le général à la retraite Taoufik en personne, lequel a d’ailleurs été appelé en renfort, justement pour cette mission. Il se dit, en haut lieu à Alger, qu’il a été également mandaté par le président Tebboune pour mettre de l’ordre dans l'Etat-major de l’armée et en finir une fois pour toute avec ce qui reste encore de l’ère de Gaïd Salah qui rappelle encore au président comment il est arrivé à ce poste.
Pour en revenir à la situation dans les camps de Tindouf, souligne le quotidien, il est illusoire de penser que la poignée de décideurs qui y font la pluie et le beau temps agissent, ces jours-ci, selon un programme tracé, une stratégie bien étudiée ou une quelconque feuille de route. C’est l’anarchie totale. Ils réagissent de manière aléatoire, désordonnée et impulsive depuis la mi-novembre dernier, lorsque le Maroc a entrepris de nettoyer le passage frontalier d’El Guerguerat. Avec le temps, le Polisario s’est retrouvé pris dans son propre piège.
C’est ainsi que, récemment, après des semaines d’escalade, le front vient de revoir légèrement la teneur de son discours. En atteste d’ailleurs la série de lettres de protestation que son chef, Brahim Ghali, vient d’adresser ces jours-ci à pratiquement tout le monde. C’est un premier pas pour tenter de faire baisser la tension dans les camps, après avoir chauffé à blanc la population avec des dizaines de communiqués militaires tout aussi absurdes qu’imaginaires. Bref, livrée à elle-même, la direction du Polisario ne sait plus à quel saint se vouer. C’est le cas de le dire puisque, à Alger, les saints sauveurs du Polisario sont actuellement occupés à leurs propres guerres intestines.
Au sommet du pouvoir à Alger, explique le quotidien, les observateurs ne manqueront certainement pas de noter un rapprochement frappant, dernièrement, entre le président Tebboune et le général Benali Benali. Un rapprochement qui a eu lieu après la maladie du président et la liquidation physique de plusieurs généraux. Le président a fini par se rendre compte des vraies intentions du général Changriha qui est même allé jusqu'à lui chercher un successeur. C’est pour cela qu’à peine rentré au pays, il a pris la décision de dissoudre le Parlement et d’organiser de nouvelles élections législatives. Celles-ci vont déboucher sur un nouveau gouvernement auquel participeront certainement des partis non-traditionnels.
Il n’est pas non plus exclu que le général Benali nomme le général Abderrahmane Arar, ennemi juré de Changriha, comme vice-ministre de la Défense, ce qui implique la mise à la retraite de l’actuel homme fort d’Alger. Une retraite qui est loin d’être douce et qu’il sera certainement condamné à couler à la prison militaire de Blida. Autant dire que le Polisario est, en ce moment, le dernier des soucis de Changriha.