Moins de six mois après son investiture, le gouvernement vient de prendre langue avec les syndicats et le patronat. Une première. Pour ce premier round des négociations, le chef du gouvernement a reçu séparément, les 24 et 25 février, les patrons des trois syndicats les plus représentatifs, à savoir l’UMT, l’UGTM et la CDT, et le président de la CGEM. Les syndicats reprennent ainsi pleinement leur rôle, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 25 février.
Finie l’époque où le chef du gouvernement se pavanait avec sa casquette syndicale lors des meetings du 1er mai pour contester l’action de son équipe, poursuit l’hebdomadaire. Révolus les temps où des ministres défilaient avec les prolétaires dans les rues à crier à tue-tête contre la politique gouvernementale. Finie l’époque où l’on tentait de marginaliser les syndicats, en refusant de les rencontrer et de dialoguer avec eux pour préparer le terrain, même sans vraiment le vouloir, aux mouvements non structurés, associations, coordinations et autres groupes du genre.
Aujourd’hui, souligne l’hebdomadaire, les choses ont changé. Au gouvernement, la gestion des affaires publiques et aux syndicats la mission de la médiation sociale. Ainsi, le dialogue sera constructif et productif. Pour cela, le gouvernement Akhannouch a opté pour une démarche inédite. Il y a un mois, un accord social a été signé entre l’Exécutif et les syndicats dans le secteur de l’enseignement. Les termes de cet accord ont été concrétisés lors d’un récent conseil de gouvernement. Mercredi, alors que le chef du gouvernement s'apprêtait à recevoir les centrales syndicales, un accord similaire a été conclu dans la Santé.
Non seulement les deux partenaires sociaux ont pu neutraliser des bombes sociales qui durent depuis une dizaine d’années, mais cela s’est fait dans les deux secteurs les plus problématiques. C’est aussi un signe de bonne foi de la part du gouvernement alors que parmi les points qui seront abordés lors de ce dialogue social, figurent la loi de la grève et un nouveau cadre juridique pour l’action syndicale. Deux sujets qui comme on le sait sont très sensibles pour les syndicats. Mais auparavant, note l’hebdomadaire, les trois partenaires sociaux, le gouvernement, les syndicats et le patronat vont d’abord entreprendre d’institutionnaliser le dialogue social. Une revendication syndicale qui date de plus de dix ans.
Bien sûr, plusieurs autres questions seront certainement traitées au fur et à mesure qu’avance le dialogue. Les plus pressantes ont évidemment trait à la nécessité de préserver le pouvoir d’achat des citoyens et cette conjoncture difficile. Et comme pour le cas des fonctionnaires et cadres de l’enseignement et du personnel du ministère de la Santé, le gouvernement veillera sans doute à donner corps aux «outputs» de ce dialogue dans les plus brefs délais.
On a pu apprendre d'ailleurs que les trois partenaires sociaux se sont déjà mis d’accord pour mettre en place des commissions spéciales de suivi ainsi qu’une commission tripartite chargée des problèmes majeurs. Cela en plus bien sûr de la haute commission du dialogue social chapeautée par le chef du gouvernement.
Bref, souligne l’hebdomadaire, après avoir été convertis en cheval de Troie dans plusieurs institutions pour défendre des intérêts politiques et idéologiques lors des deux mandats du gouvernement islamiste, les syndicats reviennent donc à leur rôle initial. Ils reprennent leur action dans le cadre de l’esprit de l’article 8 de la Constitution, à savoir contribuer à la défense des droits et des intérêts socioéconomiques des catégories qu’ils représentent.