La subvention publique versée par le ministère de l’Intérieur permettant de couvrir les frais de gestion du parti politique est quasiment passée du simple au double. Elle s’est établie en 2019 à quelques 12,6 millions de dirhams. Cela représente 70% des ressources globales de la formation, qui ne dépassaient pas les 8,5 millions en 2014, alors qu’elles s’établissent, à fin 2019, à plus de 18 millions.
Toutefois, sur ce montant, une somme de 5,4 millions de dirhams provient de recettes non courantes «dues au reclassement de la dette de la formation politique», selon le rapport de la Cour des comptes. Une explication sommaire, qui laisse supposer que ce montant a tout simplement été restitué au parti, sans pour autant expliquer sa provenance, alors qu’il était considéré comme une dette. Serait-ce le fameux magot dont parlaient les détracteurs de l’ancien secrétaires général, Ilyas El Omari, qui l’accusaient de détournement?
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Quoi qu’il en soit, les tensions au sein du PAM qui ont caractérisé les derniers 18 mois de l’ancien bureau du parti se sont fait sentir sur les finances du «hizb». Un indice qui ne trompe pas: les cotisations des adhérents n’ont été en 2019 que de 12.500 dirhams, ce qui pourrait correspondre à 125 militants si l’on part sur la base d’une cotisation annuelle minimale de 100 dirhams. En 2018, pour avoir un ordre de comparaison, les cotisations des Pamistes ont culminé à plus de 3,2 millions de dirhams.
Pour l’année 2020, les chiffres des cotisations comme les autres détails des comptes ne sont pas encore rendus publics. Le PAM, comme les autres formations, a jusqu’à début août pour les déposer auprès de la Cour des comptes. Mais le parti a tout intérêt à retrouver les contributions de ses adhérents pour espérer maintenir un équilibre financier assez précaire.
Pour l’année électorale 2016, le parti a dépensé bien plus que les 71,2 millions de dirhams de ressources qu’il a récoltés, dont près de 66 millions provenant de l’Etat. Le déficit théorique enregistré durant cette année traîne encore, puisqu’entre 2017 et 2019, la formation politique a, à peine, réussi à dégager quelques centaines de milliers de dirhams d’excédent.
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Le PAM est d’ailleurs un parti endetté. La preuve, c’est une des rares formations à payer des charges financières relativement importantes et qui sont en constante augmentation. Elles sont passées de 92.000 à 172.000 dirhams entre 2016 et 2020.
Le parti mène par ailleurs un train de vie de plus en plus coûteux. Les charges de loyers ont quasiment doublé, pour dépasser à fin 2019 les 2 millions de dirhams. Idem pour les charges de personnel, qui culminent à 6,1 millions de dirhams.
Abdellatif Ouahbi, qui a été porté à la tête du parti en février dernier, a tout intérêt à conduire la formation vers de nouveaux succès électoraux. C’est sa position de deuxième force politique du Royaume (avec 102 députés) qui lui permet de bénéficier d’un des plus importants montants de subventions publiques accordées aux partis. Ses financements propres n’arriveraient même pas à couvrir le paiement des salaires…