Une nouvelle source de financement pour les partis politiques a été introduite dans la loi organique 07-21, approuvée en Conseil des ministres, le 11 février dernier. Dans son article 31, énumérant les ressources financières des formations politiques, «les revenus d’exploitation des biens immobiliers détenus par les partis» sont désormais intégrées.
Cette nouvelle disposition semble avoir été taillée sur mesure pour le parti de l’Istiqlal. Il s’agit en effet de la seule formation politique qui encaisse des revenus de location assez significatifs. Entre 2017 et 2019, le parti a empoché plus de 8,6 millions de dirhams pour le loyer de son nouveau siège où il n’a pas encore déménagé. «En attendant, il est confié à la société qu’il l’a construit pour le louer afin de couvrir une partie de sa prestation», expliquent les comptables du plus vieux parti du Maroc, qui se faisaient épingler à chaque clôture des comptes par les auditeurs de la Cour des comptes.
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Ceux-ci relevaient dans chacun de leur rapport l’irrégularité de cette source de revenus, car elle n’était pas, à l’époque, prévue dans la loi organique. Les magistrats de la Cour des comptes faisaient d'ailleurs le même reproche à l’Union socialiste des forces populaires (USFP). Les revenus locatifs de ce dernier sont pourtant loin d’être considérables: pas plus de 4.400 dirhams par mois pour la location de la terrasse du siège du parti à une entreprise de télécommunications.
Mis à part ces deux partis, aucun autre n’a déclaré de revenus de location entre 2017 et 2019. En revanche, tous déclarent les charges de loyers payés pour leurs antennes régionales et elles constituent généralement des postes de dépenses importants. Entre 2016 et 2018, les huit plus grandes formations politiques ont décaissé, pour leurs baux, plus de 40 millions de dirhams.
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L’examen de l’évolution des charges locatives par les partis politiques renseigne sur l'étendue de leur couverture territoriale. On constate, par exemple, que le Parti du progrès et du socialisme (PPS) a quasiment fermé tous ses sièges à travers le Royaume: ces frais de location ont littéralement fondu, passant de 1,35 million de dirhams à moins de... 12.000 dirhams.
En revanche, on peut aisément relever que le Rassemblement national des indépendants (RNI) a augmenté le nombre de ses représentations régionales. Ses charges de loyer sont ainsi passées de 2 millions de dirhams en 2016, à plus de 4 millions en 2019. Une évolution à la hauteur de l’ambition que nourrit cette formation politique pour les prochaines élections.