Pour n’importe quel parti politique, les élections législatives constituent le moment de vérité. C’est le nombre de sièges remportés (parmi les 395 constituant la Chambre des représentants) dans ce scrutin qui détermine pour chaque parti son poids dans le champ politique. Alors, forcément, les formations, comme leurs candidats, sont prêtes à investir financièrement pour ces élections.
Car il ne faut pas se leurrer, partout au monde, une élection est une question de gros sous. Au Maroc, certaines pratiques condamnables restent courantes, malgré le renforcement de l’arsenal juridique répréhensible à la fraude électorale. On en arrive même à voir des zaïms de hizbicules monnayer les accréditations de notables ou le classement dans les listes nationales à coup de millions de dirhams, sans parler évidemment des achats de voix.
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Mais là n’est pas le sujet. Cette analyse se base uniquement sur les déclarations officielles effectuées auprès de la Cour des comptes par les partis politiques et leurs têtes de listes ayant pris part aux législatives 2016.
Pour ce scrutin, les pouvoirs publics ont mobilisé un montant de 250 millions de dirhams à titre de la contribution de l’Etat à la campagne électorale. En plus de cette manne, les partis ont engagé près de 37 millions de dirhams additionnels.
Seules deux formations se sont relativement contentées de la subvention accordée par l’Etat (le MP et le RNI), alors que les six autres plus grands partis ont dû mobiliser des fonds propres pour leurs campagnes électorales (Cf. Tab.1).
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Le record absolu des dépenses propres engagées par le parti revient incontestablement au PAM, avec un montant qui représente quasiment autant que l’argent (hors subvention) mobilisé par tous autres les partis réunis. En plus, contrairement aux autres formations, le PAM, dirigé à l’époque par Ilyas El Omari, a été le seul à n’avoir pas versé une partie de la manne publique à ses candidats. Ces derniers ont dû mettre la main à la poche. Et ils ont misé gros (Cf. Tab. 3).
Dans le détail, 752 candidats sur les 1407 qui se sont présentées à ces législatives se sont conformées aux dispositions légales relatives aux déclarations financières à présenter à la Cour des comptes. 65 autres listes ont présenté des pièces comptables insuffisantes pour justifier leurs sources de financement, tandis que 590 listes n’ont absolument rien déclaré.
Il ressort des déclarations faites par les candidats un montant de dépenses de plus de 260 millions de dirhams pour les listes locales. La palme d’or revient au PAM grâce aux 58 millions de dirhams, exclusivement mobilisés par ses 91 listes déclarées.
Forcément, ce parti dans l'opposition ressort comme celui qui affiche le coût moyen le plus cher par liste locale: plus de 642.000 dirhams, soit presque 100.000 dirhams de plus que les dépenses moyennes de chacune des listes du PJD. Mais surtout c’est quasiment le double du coût moyen d’une liste locale pour ces législatives 2016 (Cf. Tab. 4).
En rapportant ces dépenses pour les listes locales sur l’ensemble des voix récoltées, il ressort que le PAM a relativement optimisé ses dépenses. Chaque voix en sa faveur lui a coûté 49 dirhams, alors que la moyenne nationale est de 45 dirhams (Cf. Tab 5.).
En revanche, c’est l’UC de Mohamed Sajid qui se révèle le moins performant sur la base de cet indicateur: le coût moyen de chaque voix a été de 61 dirhams, soit trois fois plus que ce qu’a dépensé le PJD pour chaque électeur qui s’est exprimé en sa faveur (Cf. Tab. 5).
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Le parti islamiste, qui est arrivé premier en nombre de voix et de sièges, affiche naturellement le coût moyen par élu de la liste national le plus optimal: 523.000 dirhams seulement, contre plus de 860.000 dirhams en moyenne pour l’ensemble des partis.
En revanche, c’est le PPS de Nabil Benabdellah qui s’avère le plus dépensier pour ces législatives. Pour chacun de ses 7 sièges remportés dans les listes locales, il a dû investir plus de 2 millions de dirhams en moyenne (Cf. Tab. 6).
A côté des listes locales, les partis politiques se sont disputés lors des dernières législatives, une liste nationale des femmes et des jeunes comprenant 90 sièges. L’on peut donc considérer que les dépenses engagées pour faire campagne au profit de cette liste correspondent au total des dépenses électorales, réduites de l’argent transféré directement aux candidats (Cf. Tab. 7).
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Sur cette base, la disproportion des moyens engagés est flagrante au profit du PAM qui a consacré plus de 75 millions de dirhams à cette campagne. C’est deux fois le montant dépensé par le PJD qui a, malgré tout, pu rafler 27 sièges. Du coût le PAM se retrouve avec un coût moyen par voix, nettement supérieur à celui des autres partis (Cf. Tab.8), mais aussi à un coût moyen par siège supérieur à 3,5 millions de dirhams (Cf. Tab 9.).
En définitive, le PAM en mobilisant des ressources financières importantes a pu se positionner comme un sérieux challenger face au PJD. Mais cela ne lui a pas suffi pour lui ravir le premier rang au terme des dernières législatives. Comme quoi, l’argent peut aider, mais ne garantit pas forcément une victoire électorale.