Des cotisations d’adhérents multipliées par plus de dix, d’un an à l’autre! Il n’y a que la force de frappe économique d’un milliardaire comme Aziz Akhannouch pour produire un tel effet sur le Rassemblement national des indépendants. En accédant à la présidence de ce parti, en 2017, l’homme d’affaires et ministre de l'Agriculture a sacrément boosté les finances du parti, constitués désormais à hauteur de 85% de ressources propres, la proportion la plus élevée chez les formations politiques marocaines.
Les subventions publiques au RNI ont diminué de plus de 1,2 million de dirhams, après les législatives de 2016 qui ont valu au parti de perdre une douzaine de sièges au Parlement et à l’ancien président Salaheddine Mezouar de jeter l’éponge. Aziz Akhannouch, qui a pris le relais, a rapidement pu renflouer les caisses de la formation politique. Le RNI est aujourd’hui un parti qui a les moyens de ses ambitions: avec près de 37 millions de budget, c'est désormais le deuxième parti le plus riche du Royaume.
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Ses revenus ne proviennent néanmoins pas uniquement des cotisations (qui frôlent désormais les 20 millions de dirhams) et des subventions publiques. Dans les comptes présentés à la Cour des comptes, le RNI déclare pour plus de 11,2 millions de dirhams de recettes non courantes. Un montant considérable qui, pourtant, n’a pas suscité la curiosité des auditeurs de Driss Jettou, lesquels se sont plus attardés sur les 40.000 dirhams de produits financiers, versés par la Trésorerie générale du Royaume, selon les responsables du parti.
Mais si le RNI a amélioré ses ressources, sous l’ère Akhannouch, la formation a également augmenté substantiellement son train de vie. Les dépenses du parti sont quasiment passées du simple au double entre 2017 et 2019. Pour cette dernière année, dont les comptes ont été déclarés auprès de la Cour des comptes, le RNI a dépensé pour 46 millions de dirhams, dont plus de 9 millions pour l’acquisition d’immobilisations.
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L’expansion du parti et le renforcement de son ancrage territorial, menés ces dernières années, se sont traduits par une hausse des charges de loyers payées par le parti: elles sont passées de 2,6 à 4 millions de dirhams. Le RNI s’est montré, ces dernières années, extrêmement généreux avec les associations, une manière sans doute d’accroître le nombre de ses sympathisants et, par extension, sa base électorale. Les aides aux ONG sont passées de près de 500.000 dirhams à la première année de mandat de Aziz Akhannouch, à plus de 3,5 millions de dirhams à fin 2019.
Une des principales rubriques de dépenses du RNI reste les charges diverses, qui culminent à 17,6 millions de dirhams, soit près de la moitié des ressources du parti. L’importance de ce compte fourre-tout n’a pas non plus interpellé les magistrats de la Cour des comptes, qui ne relèvent pour l’année 2019, aucune dépense injustifiée.
En définitive, le RNI dispose aujourd’hui d’une assise financière confortable qui sera une véritable force de frappe pour la double bataille électorale qui s’annonce pour 2021. Des scrutins au cours desquels le parti est appelé à convertir cette hausse phénoménale des cotisations en bulletins de vote glissés dans les urnes.