La débâcle électorale de 2016, subie par l’Union socialiste des forces populaires (USFP) lui a coûté cher en termes de ressources financières. En remportant à peine 20 sièges au Parlement, la formation dirigée par Driss Lachgar a vu le soutien financier de l’Etat fondre quasiment de moitié. Le parti qui empochait jusqu’à 6 millions de dirhams de subventions publiques pour couvrir ses frais de gestion a vu sa part en 2017 se réduire à 3,5 millions de dirhams seulement.
Néanmoins, l’année 2017 ayant été une année de congrès national, l’USFP a vu ses revenus gonfler tant par la rallonge des pouvoirs publics accordée pour ce genre d’évènement, mais aussi par l’engouement des adhérents qui mettent à jour leur cotisation, généralement, juste avant le renouvellement des instances de leur formation politique. Les ressources financières du parti se sont ainsi élevées à plus de 9,7 millions de dirhams en 2017, avant de se réduire de plus de 50% durant les deux années suivantes.
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Entre 2018 et 2019, l’USFP a tourné avec un budget annuel d’environ 4,5 millions de dirhams seulement. Cette baisse des ressources n’est pas uniquement due à la baisse de la subvention publique, mais également suite à l’effondrement des cotisations des adhérents. Celles-ci ont quasiment été divisées par dix passant de 3 millions de dirhams en 2017, à 360.000 dirhams seulement en 2019.
Avec cette baisse draconienne des recettes, le parti a été contraint de réduire la voilure en matière de dépenses. Révolues le temps où l’USFP pouvait avoir des antennes régionales et provinciales essaimées aux quatre coins du Royaume. La réduction des charges de loyers peut receler la fermeture de certains bureaux du parti: ces frais de location sont passées de 178.000 à moins de 120.000 dirhams. Idem pour les charges du personnel qui ont été réduits de quelque 700.000 dirhams, ce qui laisse supposer que l’USFP a dû «libérer» certains de ses salariés.
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Cette rationalisation des dépenses a eu pour avantage de garder les finances du parti à flot. Les charges financières de l’USFP restent dérisoires, ce qui laisse supposer que la formation politique n’est pas endettée. Driss Lachgar, en bon Soussi, arrive même parfois à dégager des excédents malgré la raréfaction des ressources, comme en 2018 où le solde des revenus et dépenses est d’environ 700.000 dirhams.
Toutefois, cette précarité financière dans laquelle est tombé l’USFP peut se révéler un handicap pour le parti lors des prochains scrutins, à moins que cette formation historique arrive à nouveau à mobiliser des sympathisants et des adhérents qui l’ont désertée lors des derniers rendez-vous électoraux. Driss Lachgar, qui répète à qui veut bien l’entendre qu’il ne briguera pas un troisième mandat, risque de laisser derrière lui un parti au bord de la faillite. Pour la petite histoire, son homologue français le Parti socialiste a dû mettre en vente son emblématique siège Rue de Solferino…