C’est un constat. Al Adl Wal Ihsane veut certainement se placer au dessus de la loi. Ses membres entendent agir à leur guise sans se soucier de la légalité de leurs actes. Pour eux, comme leur association n’est pas «légalement constituée», et donc «non reconnue», cela leur donne le droit de ne pas reconnaître les lois de ce pays et par conséquent les dispense de s’y soumettre. C’est la conclusion qu’on peut tirer d’un nouvel acte, comme il y en a bien d’autres, par lequel la Jamaa manifeste le peu de cas qu’elle fait des lois de notre pays, commente le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia dans sa livraison du week-end des 4 et 5 avril.
Concrètement, précise le quotidien, cela s’est passé jeudi. Les forces de l’ordre se sont présentées au domicile du leader de la Jamaa, Mohamed El Abbadi, sis à Salé, et ont interpellé son fils, Yasser. Information qui a d’ailleurs été confirmée par le quotidien Al Massae également dans son édition du week-end.
Sur le coup, tout en se disant étonnée, Al Adl Wal Ihsane s’est limitée à affirmer ne pas comprendre les motifs de cette arrestation. Mais le lendemain, son porte-parole, Fathallah Arsalane, s’est fendu d’un communiqué commentant, en long et en large, la situation. Pour la Jamaa, il s’agit forcement d’une «injustice flagrante». C’est clairement «un acte hasardeux». L’Etat, affirme le porte-parole, doit éviter «ce genre de provocations».
Mais que s’est-il passé au juste pour mettre la Jamaa dans tous ses états? s’interroge le quotidien. En réalité, et comme cela est arrivé à beaucoup de gens dans pareille situation, le fils du leader de la Jamaa a été interpellé à cause de «posts» publiés sur les réseaux sociaux qui ont été jugés passibles de poursuites pénales. En d’autres termes, le fils d’El Abbadi s’est mis seul et délibérément sous le coup de la loi, en publiant des accusations contre l’Etat.
Ainsi, dans l’un de ses écrits, El Abbadi-fils accuse l’Etat de «terrorisme» envers les médecins et les enseignants. Dans un autre post, il affirme (sic) que «nous vivons sous l’emprise d’un régime dictatorial et terroriste qui enlève tous ceux qui protestent pacifiquement et les emprisonne, juste parce qu’ils demandent la construction d’un hôpital».
C’est à se demander, écrit le quotidien, si le fait d’accuser l’Etat de «terrorisme», d’«enlèvement» et de «torture», revenait à exprimer un point de vue politique. Du tout, tranche le quotidien. Cela ne fait pas non plus partie de la liberté d’expression. Mais c’est assurément une infraction à la loi. Et cela a un nom: «diffuser de fausses informations», un fait qui est, bien entendu, passible de poursuites pénales.
Ce faisant, El Abbadi-fils ne fait en réalité que crier tout haut ce que tous les membres de la Jamaa pensent tout bas. C’est le résultat de l’encadrement, pour ne pas dire l’embrigadement, que subissent ses membres, assure le quotidien. Nous avons tous d’ailleurs vu, poursuit Al Ahdath Al Maghrebia, comment la Jamaa a poussé des gens dans la rue, la nuit, à Tanger, Fès et bien d’autres villes, alors que tous le pays était en plein état d’urgence sanitaire. Nous avons également vu comme la Jamaa, à défaut d’autres arguments, a contesté l’instauration de l’état d’urgence sans que le Parlement n’ait le temps d’en débattre comme il faut.
Bref, conclut le quotidien, sur bien des questions, on peut certainement engager un débat politique public. Mais il est d’autres questions sur lesquelles seule la loi, et donc la justice, peut statuer. Et le recours au mensonge et à la victimisation à chaque fois que l’occasion se présente, cela relève du manque d’éducation.