«Prenez les postes et les privilèges et laissez-nous la Patrie!», l’éditorialiste d’Assabah a emprunté ce refrain d’une chanson de l’artiste tunisien Loutfi Bouchnak pour s’adresser aux partis politiques et, surtout, à un PJD avide de postes et de privilèges. La référence à la Tunisie meurtrie par l’extrémisme ne se limite d’ailleurs pas à ce point. Bref, l’éditorialiste affirme, dans l’édition du week-end des 22 et 23 octobre de ce journal proche des milieux d’affaires et des libéraux, qu’après avoir remporté la présidence du gouvernement, le PJD vise désormais celle de la première Chambre.
Alors que l’USFP et l’Istiqlal, et éventuellement le PAM, revendiquent ce poste, le troisième dans la hiérarchie de l’Etat, le parti islamiste laisse entende qu’il se le réserve pour lui-même. En effet, d’après des informations fuitées par les dirigeants de ce parti, le PJD n’a jamais été aussi proche de remporter la présidence de la Chambre et ne compte pas laisser échapper cette occasion qui risque de ne plus jamais s’offrir à lui.
Selon ces mêmes informations, Abdelilah Benkirane serait même prêt à céder des portefeuilles ministériels importants à ses futurs alliés pour pouvoir conserver ce poste pour lequel deux personnalités sont déjà annoncées comme candidates.
Ainsi, alors que les négociations de formations du gouvernement ne sont encore qu’à mi-chemin, le PJD évoque la candidature au poste de Mohamed Yatime, premier vice-président sortant de la Chambre, et celle Saâdeddine El Othmani qui, s’il est élu, devrait cumuler la présidence d’une Chambre du Parlement et celle du Parlement, tout court, de son parti.
Il est clair, estime l’éditorialiste, qu’il n’est pas dans l’intention de certains partis de faire primer l’intérêt national. Ils n’hésitent pas, non plus, à affirmer leur décision de ne faire aucune concession, estimant qu’ils agissent en conformité avec la volonté de leurs électeurs, exprimée à travers les urnes.
Ce sont donc les électeurs qui leur on conféré la première place et les ont investi d’une mission à laquelle ils ne doivent pas faillir. Seulement, ils n’hésitent pas à chercher des alliés au sein d’autres partis qui, eux, ont été sanctionnés par ces mêmes électeurs. Cela, hormis un parti auquel d’autres électeurs ont accordé plus de cent sièges. A moins que l’électorat de ce parti, lui, ne soit d’un autre univers!
De même, Benkirane n’est plus le secrétaire général d’un parti politique, le PJD en l’occurrence. Depuis qu’il a été nommé Chef de gouvernement, il est chef de gouvernement de tous les Marocains, ceux qui ont voté pour lui, ceux qui ont voté contre lui et même ceux qui n’ont pas voté.
Il n’est plus noble, estime l’éditorialiste, que des politiques qui renoncent aux postes et aux privilèges pour ne pas faillir à leurs principes. Ils se tiennent, pour les mêmes raisons, à l’écart des jeux de la surenchère politique et des marchandages autour des quelques portefeuilles ministériels. Ces personnes représentent une infime partie de nos politiques et nos chefs de partis. Pour les autres, plus nombreux, conclut l’éditorialiste, nous disons: «Prenez les postes et laissez-nous la Patrie!».