Les propos d'Abdelkader Messahel sur le Maroc, pas plus d'ailleurs que sur la Tunisie et l'Egypte, ne font pas l'unanimité en Algérie. Et le désaccord émane de la tête du Front de libération nationale (FLN, parti au pouvoir). "Nous avons écouté ses déclarations et nous attendons l'évolution de la situation (...) Messahel est responsable devant le président de la République qui dirige la diplomatie algérienne", a en effet réagi Jamel Ould Abbas, porté à la tête du FLN en octobre 2016 par le clan Bouteflika, en remplacement d'Amar Saâdani.
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Pour rappel, le MAE algérien, Abdelkader Messahel, avait tenu, vendredi 20 octobre, à Alger, des propos scandaleux au sujet de la politique africaine du Maroc, accusé sans autre forme de procès de "blanchir de l'argent du haschich via ses banques dans le continent". Et pas uniquement le Maroc. «L’Égypte a de gros problèmes économiques et passe son temps à prêter (entendez, emprunter) de l’argent… La Tunisie a des difficultés énormes… Le Maroc est une zone de libre-échange pour des sociétés françaises qui viennent, s’installent et font travailler quelques Marocains. Pour Doing Business, il n'y a que l’Algérie», avait-il éructé.
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La réserve du chef du FLN concernant ces propos délibérément hostiles au Maroc intervient alors que le premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, s'est fendu, mercredi 24 octobre, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale algérienne, d'une sortie tout aussi gerbante que celle MAE Messahel, suite à la réaction ferme du Maroc aux propos nauséeux de ce dernier. «Si nos voisins s’énervent, tant pis pour eux, et tant mieux pour nous», a-t-il pétaradé, en apportant son soutien à Messahel, dont les propos continuent de soulever des vagues sur les réseaux sociaux, algériens et marocains confondus.
La réserve du chef du FLN rappelle curieusement celle de son prédécesseur, Amar Saâdani, quand, invité début novembre 2015 sur le plateau d'Ennahar TV, il avait affirmé avoir une autre opinion que celle, cautionnée officiellement par Alger, au sujet du conflit du Sahara. "J'ai des choses à dire sur cette affaire, mais je ne les dirai pas", avait-t-il en effet asséné. «J'ai peur d’entraîner l’Algérie dans une autre voie si je m'exprime sur cette affaire», a-t-il averti, insinuant, de manière à peine voilée, que son pays devait lever la main sur le dossier saharien qui est «du ressort exclusif des Nations unies». Une critique à fleuret moucheté de l'ingérence algérienne dans les affaires intérieures du Maroc, particulièrement sur le dossier saharien, et qui a été la principale cause du débarquement de son auteur de la direction du FLN.