Après la note d’alerte émise par le ministère des Affaires étrangères espagnol, mercredi 27 novembre dernier, confirmée hier, lundi 2 décembre, par le gouvernement algérien, l’ONU déclare l’état d’alerte maximale chez le personnel de la Minusro et du HCR, basés à Rabouni, QG du front séparatiste du polisario. «La Minurso se joint à cette alerte lancée par l’Espagne la semaine dernière sur une possible attaque dans les camps sahraouis dans la région de Tindouf», rapporte la radio espagnole Cadena Ser, sur son site d’information en continu.
Il y a une semaine, la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, avait en effet averti les ressortissants espagnols se rendant dans les camps de Tindouf, sur «un risque d’attentat réel et imminent». La ministre socialiste, qui cumule depuis une semaine le portefeuille des Affaires étrangères, après le départ de Josep Borell (devenu Haut Représentant de l'UE pour la politique étrangère et de sécurité), avait affirmé détenir des «informations précises» sans expliquer toutefois les tenants et aboutissants de cet avertissement, qualifié de «très sérieux».
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Une semaine après, l’on apprend, d’après des informations ébruitées par les services espagnols de renseignement, que l’avertissement est parti initialement des services secrets français, très implantés dans la région sahélo-saharienne. Les services du renseignement extérieur français ont prévenu leurs homologues espagnols au lendemain du décès (accidentel) de 13 militaires français, dans la mystérieuse collision de deux hélicoptères de combat qui s’apprêtaient, le 25 novembre dernier, à lancer une opération contre les groupes jihadistes basés dans le nord du Mali, dans le cadre de l’opération «Barkhane».
Selon les informations qui ont «fuité» auprès de la presse espagnole, les groupes terroristes s’apprêteraient à lancer des attentats à la voiture piégée simultanément à la préparation d’une opération d’enlèvements de ressortissants espagnols se trouvant à Tindouf, en territoire algérien, dans le cadre de «missions humanitaires».
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Il faut noter qu’Alger a pris une semaine pour se joindre à l’avertissement franco-espagnol, dont la teneur a été catégoriquement rejetée par le front polisario, qui tentait de l’interpréter, au lendemain du message d’alerte lancé par Madrid mercredi 27 novembre, comme un «coup» monté conjointement par l’Espagne et «l’occupant marocain», relevant que le lancement de cet avertissement était intervenu simultanément avec la visite rendue, le 27 novembre dernier à Madrid, par le ministre marocain es Affaires étrangères, Nasser Bourita, au chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez.
Le retard pris par Alger pour ainsi se joindre à l’avertissement espagnol prête sérieusement à suspicion, d’autant plus que le voisin de l’Est avait été directement pointé d'un doigt accusateur par l’Espagne au lendemain du rapt, en 2011 à Tindouf, de travailleurs humanitaires -deux Italiennes et une Espagnole-, par des éléments djihadistes connus pour leur proximité avec le front séparatiste du polisario. La socialiste Trinidad Jiménez García-Herrera, alors ministre espagnole des Affaires étrangères, avait qualifié cet acte d’"extrêmement grave" et précisé que celui-ci «relevait de la seule responsabilité de l’Algérie».
En effet, ces kidnappings s'étaient déroulés sur le sol algérien, et dans une zone extrêmement surveillée. Il était impossible donc, que des terroristes aient pu s’introduire dans ces camps de séquestrés sans la complicité des autorités sécuritaires et militaires algériennes, et celle de la direction du polisario, dont les accointances avec les milieux terroristes et mafieux locaux ne sont plus à démontrer.