Dans une intervention à l’occasion de la réunion ministérielle du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) portant sur la réconciliation nationale en Libye, Nasser Bourita a affirmé que la «position du Royaume du Maroc sur la question libyenne reste constante et claire», considérant la Libye comme «un partenaire clé dans la construction de l’espace maghrébin et la réalisation des aspirations des peuples du Maghreb à l’intégration et au développement».
Le Royaume du Maroc renouvelle son soutien aux efforts déployés par le Conseil présidentiel libyen et par Denis Sassou-Nguesso, président de la République du Congo et président du Comité de haut niveau de l’UA sur la Libye, afin de tenir une conférence globale de réconciliation nationale en Libye, a-t-il insisté dans ce discours lu en son nom par le directeur du Moyen-Orient, du Golfe et des organisations arabes et islamiques, Fouad Akhrif.
Conformément aux hautes directives du roi Mohammed VI, le Royaume du Maroc a été l’un des premiers pays à accompagner les efforts déployés par les parties libyennes pour surmonter la délicate phase de transition que traverse ce pays frère, dans le but de réaliser ses aspirations à construire un État démocratique, solidaire et unifié dans sa souveraineté, son territoire et sa cohésion nationale, a-t-il ajouté.
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Dans ce sens, depuis le début de la crise, a poursuivi le ministre des Affaires étrangères, le Maroc s’est engagé avec détermination et dynamisme dans les efforts internationaux et régionaux visant à réconcilier les parties libyennes et à faciliter leurs efforts pour trouver une solution consensuelle, appelant toujours à l’adoption d’une approche globale, basée sur le dialogue et le consensus, afin de construire un État des institutions.
Le Royaume du Maroc -Roi, gouvernement et peuple- se tient aux côtés du peuple libyen frère, souligne à chaque occasion la nécessité de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de l’État libyen et considère que l’adoption d’un dialogue national, avec la participation de toutes les composantes du peuple libyen comme le seul moyen de franchir cette étape, a assuré Nasser Bourita.
Le Royaume du Maroc a œuvré, à cet effet, dans le cadre de ses efforts continus de résolution de la crise libyenne, au rapprochement des points de vue des différentes parties libyennes, en ouvrant le dialogue entre elles et en créant une atmosphère propice, pariant que la solution ne peut être que libyenne et politique et que les difficultés ne seront surmontées que par un dialogue serein et en favorisant la primauté des intérêts libyens.
Le Maroc a également poursuivi ses efforts pour rapprocher les points de vue des parties libyennes, en recevant des acteurs politiques et responsables libyens, ainsi que l’envoyé de l’ONU et les envoyés des pays et organisations en charge du dossier libyen. Ce dossier a également été au centre des consultations politiques du Maroc dans le cadre de réunions bilatérales, régionales et internationales, au cours desquelles il a cherché à faire pression pour une solution politique au dossier et à écarter le spectre d’une intervention militaire ou d’une guerre civile, a-t-il rappelé.
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Le Maroc a poursuivi ses efforts, en s’appuyant sur l’expérience antérieure, dont est issu l’accord politique de Skhirat depuis 2015, pour contribuer à la résolution du conflit libyen sur la base de son approche consistant à offrir aux Libyens un espace approprié de dialogue et de concertation constructive, a-t-il fait savoir, ajoutant que le Maroc a été le premier à réunir les représentants de la Chambre des représentants et du Haut Conseil d’État à Bouznika et Tanger fin 2020, dans le but de parvenir à un consensus sur les contrôles, mécanismes et critères d’accession aux sept fonctions régaliennes, qui est l’un des éléments essentiels de l’unification des institutions.
Dans le même contexte, lors de la réception d’Abdoulaye Bathily, représentant spécial du secrétaire général pour la Libye et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye, le Maroc a renouvelé son soutien aux efforts déployés par la mission onusienne pour parvenir à un accord avec les parties libyennes pour la tenue d’élections présidentielles et parlementaires.
Rabat avait également abrité, le 21 octobre 2022, une rencontre entre Aguila Saleh, président de la Chambre des représentants, et Khaled Al-Mishri, président du Haut Conseil d’État, sur la mise en œuvre des résultats du processus de Bouznika et l’unification du pouvoir exécutif. Cette rencontre a été saluée par les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, qui l’ont considérée comme une étape importante qui contribue au rapprochement des parties libyennes, selon la même source.
Le Royaume du Maroc estime que parvenir à un cadre législatif consensuel et global pour les élections en Libye, sous l’égide des Nations unies, est la seule voie vers une paix durable, et la tenue d’élections dans les meilleurs délais est le garant de la formation d’un gouvernement légitime et élu. À cet égard, nous espérons que la Conférence de réconciliation nationale, que l’Union africaine et le Conseil présidentiel libyen entendent organiser à Tripoli, sera l’occasion de renforcer le consensus entre les parties libyennes.
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Sur hautes directives royales, le Maroc confirme sa détermination et sa disposition permanentes à accompagner la réconciliation nationale en Libye, dans le même esprit et avec la même approche qui tire sa crédibilité de la ferme adhésion du Royaume au respect de la volonté des Libyens sans autre ordre du jour, et rejetant toute ingérence étrangère visant à imposer une tutelle et à dicter des solutions, a relevé le ministre.
Alors que le Royaume du Maroc affirme que le dépassement de la crise passe par une réconciliation globale fondée sur les principes de la justice transitionnelle, Nasser Bourita a salué les efforts déployés par le Conseil présidentiel pour lancer le processus de réconciliation nationale et faire du processus de consensus entre Libyens un succès afin de mettre en place des institutions étatiques et de renforcer leurs capacités.
A cet égard, le Royaume du Maroc met son expertise à la disposition de nos frères libyens en matière de justice transitionnelle, notamment l’expérience éminente de la Commission équité et réconciliation, a-t-il assuré. De ce point de vue, le Royaume du Maroc considère que séparer le dossier de la réconciliation nationale de la scission politique et de la lutte d’influence et d’intérêts en Libye, sans négliger le rôle du règlement politique et la résolution du dilemme de la légitimité par les voies électorales législatives et présidentielles, outre l’unification des institutions militaires et de sécurité sont parmi les premières étapes pour faire avancer ce dossier, en plus de continuer à renoncer aux discours de haine qui ne font qu’exacerber la situation actuelle.
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Le ministre a, par ailleurs, salué le grand intérêt que l’Union africaine attache à la question libyenne et les efforts inlassables qu’elle déploie pour soutenir le processus politique en Libye, visant à renforcer les fondements de l’unité et de la stabilité afin de réaliser les aspirations et les espoirs du peuple libyen frère.
Si la Libye connaît depuis un certain temps une relative stabilité, notamment suite aux efforts déployés par les différents acteurs internationaux et régionaux pour trouver une solution à la crise de légitimité dans ce pays frère, la division politique et institutionnelle, surtout à la lumière de la présence de deux gouvernements parallèles, limite l’efficacité des efforts internationaux visant à fournir un environnement propice à la tenue d’élections, qui est «la seule solution pour résoudre le problème de légitimité dans ce pays frère du Maghreb», a-t-il dit.
La situation politique et sécuritaire complexe en Libye est le résultat de l’accumulation de conflits internes et d’interventions extérieures aux agendas différents et contradictoires, qui ont contribué, depuis plus de dix ans, à creuser le fossé entre les différentes composantes de la société libyenne, surtout tribale, politique et militaire, ce qui fait de la réconciliation libyenne un enjeu prioritaire et actuel pour nous tous et pour notre organisation continentale, a conclu le ministre.