Depuis Agadir qu’il a choisie comme quartier général pour sa bataille électorale, une étape exceptionnelle dans sa carrière politique, jusqu’à Fès où il a été reçu par le Roi et nommé chef de gouvernement, c’est une riche expérience que celui qui dirigera le troisième gouvernement de l’après-2011 aura vécu en si peu de temps. Et ce n’est pas une mince affaire de devoir mener et réussir la mission d’effacer les séquelles du prétendu «printemps arabe» que les Marocains ont dû endurer durant dix ans. Une mission d’autant plus difficile que tout en s’y attelant, le nouveau chef de l’Exécutif a été tout le temps la cible de critiques, voire de diffamations et même de graves accusations à peines voilées.
Dans un portrait qu’il a consacré à ce natif de Tafraout, dans l’Anti-Atlas, et qui a grandi dans le quartier d’Ain Sbaâ à Casablanca, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia revient dans son édition du lundi 13 septembre, sur quelques unes des facettes cachées de fils de Souss. Pour avoir, lui-même, évoqué à plusieurs reprises la carrière de militant nationaliste et de l’homme d’affaires prospère qu’était son père, Ahmed Ou Lhaj Akhannouch, on connaît un grand pan de la vie de ce self-made-man. Mais on en sait moins sur les origines d’Aziz Akhannouch, côté maternel. Le quotidien nous apprend justement que sa mère, R’kia Benabdelali, native de Salé, n’est autre que la sœur d’Abderrahmane Benabdelali, le premier ministre des Travaux publics du Maroc indépendant, dans le gouvernement d’Abdellah Ibrahim, à la fin des années 50 du siècle dernier.
L’ancien ministre, poursuit le quotidien, est le beau-frère de Mohamed Laghzaoui, lui-même, ancien ministre de l’Industrie, ancien directeur de Sûreté nationale et ancien ambassadeur. Il a également été directeur général de l’OCP, entre autres. C’est pour dire que depuis son enfance, le nouveau chef de gouvernement a baigné dans le nationalisme et les affaires du côté de son père dans le nationalisme et la politique du côté de sa mère et la famille de son oncle. Il a donc hérité du sens des affaires et de l’amour pour la patrie, mais aussi de ce penchant pour la politique et de la gestion des affaires publiques qui en fait aujourd’hui chef de gouvernement.
Son père, Ahmed Ou Lhaj, poursuit le quotidien, après un passage à Derb Omar, le centre des affaires de tout le Maroc jusqu’à une époque très récente, il ouvre sa première station service et crée la société Afriquia, la première société marocaine de distribution des hydrocarbures. Depuis, ses succès dans les affaires se poursuivent. A Agadir où il a vécu juste avant le sinistre évènement du 29 février 1960, il avait ouvert une usine de marbre. En fait, il a décidé de s’installer dans la ville depuis 1943. Cela dit, sa vie n’a pas été qu’une succession d'affaires prospères, il a, en effet, été emprisonné à plusieurs reprises par les autorités de l’occupation pour sa collaboration avec les membres de la résistance. Il a même été dépossédé de tous ses biens, et il a dû recommencer depuis le début avec son associé de toujours qui est également son beau-frère, Lhaj Wakrim. Aziz, le fils a également hérité cette détermination et cette faculté de faire le dos rond, et même d’encaisser les coups, pour reprendre, ensuite et de plus belle son élan.
Au retour du Canada où il a fait ses études supérieures, Aziz Akhannouch a pris en main l’héritage familial, le groupe Akwa, qu’il a développé et fait prospérer depuis. Le groupe détient aujourd’hui une part de marché conséquente dans le secteur des hydrocarbures. Et comme les temps ont évolué et les mentalités ont changé, Aziz Akhannouch a également associé son épouse, Salwa Akhannouch, à ses affaires avec la création du groupe Aksal.
Bien sûr, écrit Al Ahdath Al Maghribia, Aziz Akhannouch aurait pu, comme un grand nombre d'hommes d’affaires, vivre dans l’ombre et actionner à sa guise les fils d’un quelconque lobby, loin des projecteurs. Mais lui, de cette vie, il n’en a pas voulu. Il a choisi de mener sa vie autrement, en décidant d’agir pour son pays et de participer, depuis près de deux décennies, à la gestion des affaires publiques. Une décision qui n’a certainement pas été un choix facile. Mais depuis qu’il a intégré le fameux G14, créé par feu Hassan II au début des années 90, cette vocation de servir l’intérêt public et l’Etat ne l’a plus quitté. Cela lui a valu beaucoup de coups bas. Il a continué à en encaisser jusqu’à il y a encore quelques jours, avant d’infliger la cuisante défaite que l’on connaît aux islamistes.