Le 14 juin dernier, le gouvernement libyen provisoire annonçait la mort du terroriste le plus recherché au monde. «Mokhtar Belmokhtar a été tué dans un bombardement effectué dans l’est libyen par des forces spéciales américaines, en coordination avec le gouvernement libyen provisoire», est-il relevé dans un communiqué de l’Exécutif libyen intérimaire, communiqué dont LE360 détient copie. Seulement voilà, cette mort présumée, que le Pentagone a pris soin de ne pas annoncer, a été démentie par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) au lendemain même du raid US, effectué dimanche 14 juin. Et ce n’est pas tout … «Le chef d’Aqmi aurait non seulement survécu au bombardement américain, mais il aurait aussi et surtout été derrière la naissance d’une nouvelle organisation terroriste baptisée «Conseil de la Choura d’Al-Qaïda en Afrique», certifie Al Ahdate Al Maghribia, dans son édition de ce mardi 23 juin.
«Des rapports sécuritaires font état d'une coordination à un niveau très élevé entre des organisations affiliées à Al-Qaïda au Maghreb islamique, Aqmi. Une coordination qui s’est soldée par la naissance d’un nouveau mouvement baptisé Conseil de la Choura d’Al-Qaïda en Afrique», rapporte le quotidien qui révèle que les rapports sécuritaires attribuent la naissance de cette nouvelle entité terroriste au chef d’Al Mourabitoune (fusion entre les ex-Signataires du sang et le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’Ouest, Mujao), Mokhtar Belmokhtar.
A en croire ce même quotidien, le Conseil dit de la Choura d’Al-Qaïda en Afrique regrouperait sous sa sinistre bannière pas moins de quatre mouvances terroristes: Les milices d’Al-Qaïda à Syrte (en Libye), la milice dite «Al Qaâqaâ ibn Amrou» (affiliée à Al Qaïda et basée dans l’est libyen), «les milices d’Aqmi au Sahara» (implantées dans le nord du Mali, sous la direction du dénommé Yahya Abou Al Homam) et «Al Mouabitoune», dont le chef n’est autre que Mokhtar Belmokhtar, alias «Al Aâwar» (Le Borgne) ou encore «Mister Marlboro», en référence à son rôle actif dans le trafic de cigarettes dans la région sahélo-saharienne.
«Ce qui est impressionnant, c’est le bruit qui court concernant la conclusion d’un acte de réconciliation historique entre le chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique, l’Algérien Abdelmalek Droukdel, et son compatriote Mokhtar Belmokhtar, à l’origine de la meurtrière prise d’otages du site gazier algérien d’In Amenas, en 2013, qui a fait plusieurs dizaines de morts, dont 10 Japonais», relève Al Ahdate Al Maghribia. «Cet élan unificateur qui semble motiver Droukdel et Mokhtar Belmokhtar a pour objectif de freiner l’avancée et l’influence de l’Etat islamique en Afrique du Nord», explique le quotidien.
«Les deux chefs d’Al-Qaïda ont enterré leur hostilité historique pour ressouder les rangs d’Aqmi, mise à mal par la défection de plusieurs groupes, dont Jund Al Khilafa, retranchés dans les maquis kabyles, pour rallier Daech, acronyme arabe de l’Etat islamique en Irak et en Syrie», indique encore Al Ahdate Al Maghribia, relayant des allégations médiatiques colportées par le quotidien algérien «Al Khabar».
Ce nouveau développement vient ainsi donner du fil à retordre aux services de renseignement, très actifs dans la région. D’autant plus que l’antenne maghrébine d’Al-Qaïda veut prendre de l’ampleur pour englober non seulement l’Afrique du Nord ou, plus encore, la région sahélo-saharienne, mais tout le continent africain. Une régénération à l’image de l’hydre Mokhtar Belmokhtar, surnommé «le terroriste aux mille et une morts»! Le terroriste le plus recherché au monde a été donné pour mort au moins cinq fois: en juin 2012, dans des combats entre les séparatistes touaregs au Mali, en mars 2013 par l’armée tchadienne au Mali et, last but not least, le 14 juin dans un raid américain contre une «ferme» à Ajdabya, à 160 km de Benghazi, chef-lieu de l’est libyen devenu le nouveau QG d’Aqmi et du présumé «Etat islamique».