Une rentrée politique plutôt chaude s’annonce. Benkirane a en effet donné le ton dans son discours inaugural de la 10e assemblée nationale de la Jeunesse islamiste, dimanche dernier, à Salé. D’entrée, il a annoncé la couleur: "J’interviens en tant que chef du Parti justice et développement». Une introduction à la véritable rafale d’accusations qui s'est abattue sur l’opposition et dont la teneur a été rapportée par les principaux titres de la presse dans leur édition du mardi 26 août. Le diagnostic est sans appel : "L’opposition a fait faillite", décrète le chef du parti au pouvoir, cité par le quotidien Assabah. A l’évidence, il va bien falloir trouver une alternative. Ainsi, "Benkirane appelle sa Chabiba (Jeunesse PJD) à jouer le rôle de supplétif à l’opposition", indique le quotidien arabophone en rapportant, une à une, les critiques véhémentes décochées par Benkirane à l’adresse du camp adverse. "Le chef du PJD accuse l’opposition -source d’embarras pour lui- d’être incompétente, impuissante, de recourir au complot, ourdi dans les coulisses ténébreuses, pour défier son gouvernement", relève Assabah, en référence à Abdelilah Benkirane qui a servi ce jour-là un discours clivant, voire manichéen.
Le discours manichéen de Benkirane
"Dieu a voulu que notre gouvernement remédie à nombre de dysfonctionnements, et le chemin à parcourir reste long pour régler les nombreux obstacles qui continuent de se dresser devant nous", a prophétisé Benkirane, cité par le quotidien Al Ahdath Al Maghribiya. Pour rappel, le chef du PJD avait précédemment allégué que son parti -vraisemblablement touché par la Grâce- était un "don de Dieu pour les Marocains"! Qu’en est-il des autres partis, de l’opposition s’entend ? "Je les avertis et leur dis : si vous avez vraiment envie de servir le pays et si vous cherchez réellement la vertu, le chemin est tout tracé". "Avec un excès de confiance en lui, Benkirane a affirmé que son parti était immunisé contre les pratiques corrompues et autoritaristes (…), les conflits de pouvoir et les querelles autour des postes à responsabilités", rapporte Al Ahdath. Et d'ajouter: Benkirane a mis en garde la jeunesse de son parti contre toute forme de carriérisme, l’appelant plutôt à "rivaliser de sérieux de manière à servir et ne pas se servir". Le même ton moralisateur est relevé par le quotidien Al Akhbar, avec un focus spécial sur un terme cher à Benkirane: le "parasitage". "Certains font appel à des Baltagis (NDLR : les nervis) dans le dessein de créer une sorte de parasitage et, du coup, entraver le travail du gouvernement", a martelé le chef du PJD, cité par Al Akhbar.
Récapitulons : mise à mort de l’opposition, accusée d’incompétence voire de corruption, appel à la jeunesse islamiste de jouer les supplétifs, angélisme et, au bout du compte, un discours étroitement partisan qui consiste à dresser une partie du peuple contre une autre. On est loin de l’image iconique du rassembleur que se doit d'être un chef de gouvernement.