Assurément, l’ancien secrétaire général du Parti de la Justice et du Développement (PJD), Abdelilah Benkirane, est resté fidèle à son ethos discursif, consistant notamment à diaboliser ses adversaires politiques pour jouer sur le pathos des foules et faire parler de lui.
Saisissant l’occasion du sixième congrès national de la jeunesse du PJD, l’ancien chef du gouvernement a ainsi braqué son artillerie sur le président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, et le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), Driss Lachgar, en leur adressant, sur un ton ironique, de virulentes critiques.
Benkirane viserait-il donc l’effondrement de la majorité gouvernementale? Les deux formations politiques, dont les leaders ont violemment été critiqués, constituent en effet des composantes de la coalition gouvernementale conduite par son successeur, Saâd-Eddine El Othmani, à la tête de l’Exécutif et aux commandes du PJD.
Cette sortie de Benkirane n’a pas été cautionnée par des leaders de son parti, notamment Aziz Rebbah, ministre de l’Energie et des mines, et Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme. Ces deux leaders estiment que cette attaque, «non justifiée, vise la majorité gouvernementale, qui traverse des moments difficiles, en raison des désaccords autour du dossier de la retraite des parlementaires», rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 6 février. Et de préciser que d’autres leaders du parti de la Lampe ont également rejeté les déclarations incendiaires de Benkirane. Ces propos ont été mis dans leur contexte politique par le premier secrétaire de l’USFP, qui a annoncé au quotidien son intention d' «ouvrir des consultations avec les autres leaders de la majorité gouvernementale». Une information confirmée par Assabah, dans son édition du même jour.
Les deux partis ciblés par Benkirane ont appelé à une réunion de la majorité gouvernementale. Des sources, non révélées par le quotidien, au sein des directions des deux partis, estiment que «les déclarations de Benkirane visent directement la majorité gouvernementale. Ils appellent donc le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, à clarifier sa position».