Dans une longue interview accordée à Assabah et parue dans sa livraison du mercredi 2 décembre, Mohamed Bensaid Aït Idder, l'ancien patron de l'Organisation de l'action démocratique populaire patriarche (OADP), un ex-parti de la gauche marocaine, estime que la récente crise d’El Guerguerat a prouvé clairement que le conflit créé autour du Sahara était une affaire maroco-algérienne, qui ne pouvait se régler que par le dialogue entre les deux pays voisins.
En obstruant le passage d’El Guerguerat, le Polisario tentait de sortir de son isolement quasi total. Or, cette action s’est retournée contre lui, puisque ce passage civil et commercial est non seulement vital pour le Maroc et la Mauritanie, mais aussi pour l’Afrique et l’Europe. Aït Idder estime en effet que le Polisario a gravement porté atteinte aux intérêts de la Mauritanie et d’autres pays africains, et justifie l’intervention des Forces armées royales par la volonté du Maroc de défendre ses intérêts politiques et géostratégiques vitaux, et donc de redonner au commerce transafricain sa fluidité normale.
L’Intervention de l’armée marocaine a aussi permis d’ouvrir la voie à la seule issue possible pour régler le différend créé autour du Sahara marocain, à savoir celle du dialogue. Car, en définitive, les Sahraouis de Tindouf sont les fils du Maroc, leur pays, qui ne veut pas les voir s’engager dans une guerre futile, mais leur ouvre ses bras pour qu’ils répondent à la clémence de la patrie où ils seront mieux traités que partout ailleurs. Démocratie et dialogue doivent donc prévaloir pour que les Sahraouis de Tindouf retournent chez eux, au Maroc, et que la raison l’emporte sur les tambours de la guerre.
Répondant à une question sur l’entêtement du régime algérien et autres dirigeants du Polisario qui refusent tout dialogue, Aït Idder se dit convaincu que le conflit du Sahara a été créé de toute pièce et compliqué par l’Algérie. Mais, cette dernière, nonobstant d’autres dossiers relevant du passé et faciles à aplanir, finira un jour par lever l’obstacle principal qu’elle a érigé devant la construction de l’Union du Maghreb arabe.
Aït Idder, qui remarque au passage que l’ancien SG de l’ONU, le Sud-Coréen Ban ki-moon, avait beaucoup contribué à retarder l’avancée vers une solution au conflit du Sahara, compte sur l’élite maghrébine en général pour dégager les nuages qui se sont amoncelés entre le Maroc et l’Algérie. En particulier, il estime que la Mauritanie a un rôle important à jouer dans cette dynamique. "Je connais très bien les Mauritaniens, dont l’attachement au Maroc et aux Marocains est profondément enraciné. Leur proximité des Sahraouis du Maroc et de Tindouf, mais aussi leurs relations avec l’Algérie peuvent leur permettre de jouer un rôle de dynamo dans le dialogue régional, en vue de trouver une solution maghrébine à ce conflit factice et qui n’a que trop duré", conclut Aït Idder.