La société Centrale-Danone a-t-elle menacé de quitter le Maroc à cause du boycott de ses produits? La question est soulevée par le quotidien Al Massae, dans son édition du jeudi 10 mai. Toujours est-il que le ministre chargé des Affaires générales du gouvernement, Lahcen Daoudi, a clairement évoqué la possibilité d'un départ de Centrale-Danone. Le ministre a, de même, affirmé que le gouvernement faisait tout son possible pour éviter que la société ne quitte le pays.
En effet, Lahcen Daoudi n’a pas manqué d'exprimer ses inquiétudes quant à la capacité du gouvernement à assurer l’approvisionnement du marché en denrées alimentaires de base, surtout à la veille du Ramadan, note le journal. Cette déclaration du ministre pourrait, d'ailleurs, être interprétée comme une menace à l'encontre des boycotteurs. Toujours est-il qu'il s'agit là d'une mise en garde contre une éventuelle pénurie de lait, sachant que Centrale-Danone assure 50% des besoins de consommation des Marocains.De plus, a assené le ministre en répondant à une question orale à la Chambre des conseillers, c’est l’avenir de 6.000 salariés de la société et celui des 120.000 producteurs laitiers qui la fournissent exclusivement qui est menacé.
La sortie de Daoudi a d'ailleurs fait des mécontents parmi les dirigeants du RNI qui estiment qu’il n’a pas qualité à parler au nom du gouvernement, ni le droit de corriger les propos de l’un de ses collègues. «Ce genre de choses ne se règle pas en public, mais en Conseil du gouvernement», estime un dirigeant du parti cité par le journal. Daoudi a, en effet, laissé entendre que les déclarations du ministre de l’Economie et des finances devant le Parlement, dans lesquelles il avait traité les instigateurs de cette campagne d’"étourdis" (Madaouikh), n’engagaient pas les gouvernement, ajoutant que le ministre RNIste avait fait là une erreur.
Le quotidien revient aussi sur la position de la FGD (PSU-CNI-PADS) quant à la campagne de boycott de trois produits de grande consommation. Selon la FGD (deux députés à la première Chambre), cette campagne est une forme de protestation pacifique contre la cherté du coût de la vie. Elle dénote aussi d’un ras-le-bol général des couches sociales défavorisées face à l’augmentation successive des prix, depuis la réforme de la caisse de compensation. Le parti tient pour responsable de cette situation l’Etat et le gouvernement «qui s’entêtent à appliquer des politiques économiques antidémocratiques et antisociales ayant conduit à l’éclatement de contestations populaires dans plusieurs régions».