Casablanca: des milliards injectés dans des programmes de réhabilitation… mais rien ne tient debout

Le récent effondrement d'une maison dans l'ancienne médina de Casablanca met en lumière l'incapacité de la métropole à résoudre ce problème, malgré les milliards investis dans sa réhabilitation au cours des quinze dernières années.. DR

Revue de presseLe nouvel effondrement d’une maison dans l’ancienne médina de Casablanca rappelle que, malgré les budgets colossaux mobilisés pour sa réhabilitation ces quinze dernières années, la métropole n’arrive toujours pas à éradiquer ce phénomène. Une revue de presse tirée d’Assabah.

Le 25/03/2025 à 20h29

Un nouvel effondrement d’une maison dans l’ancienne médina de Casablanca, survenu moins de 24 heures après le départ du roi vers Rabat suite à un séjour dans la métropole, fait craindre le pire à de hauts responsables. Ces derniers retiennent en effet leur souffle, craignant que ce énième incident ne leur coûte cette fois-ci leur place.

Dans son édition du mercredi 26 mars, Assabah rapporte que les autorités de Casablanca sont sur le qui-vive ces derniers jours, avec notamment la tenue d’une série de réunions en présence de représentants d’institutions administratives et élues, ayant pour objectif d’évaluer la situation et d’identifier les causes de la persistance des effondrements dans une zone qui a pourtant fait l’objet d’importantes conventions et de plusieurs programmes de réhabilitation au cours des quinze dernières années.

La même source ajoute qu’en parallèle, des élus et représentants de la société civile demandent une intervention des instances chargées du contrôle financier et administratif dans le secteur public, afin d’ouvrir une enquête sur l’ensemble des programmes de réhabilitation qui ont coûté des millions, voire des milliards de dirhams au cours des dernières années, sans donner les résultats escomptés.

Les élus cités par Assabah s’étonnent de la poursuite des effondrements et des risques qu’ils font peser sur la vie des citoyens, alors que Casablanca aurait dû mettre un terme à ce problème après les directives royales qui avaient appelé à la mobilisation de tous les moyens financiers, administratifs et logistiques nécessaires pour mettre en œuvre le projet de réhabilitation de l’ancienne médina. À ce sujet, Assabah rappelle que ce projet a traversé plusieurs phases de déploiement, dont la première a démarré en août 2010. À l’époque, l’objectif était d’améliorer les conditions de vie des habitants, de réhabiliter le cadre bâti, de créer de nouvelles infrastructures et de préserver le patrimoine historique de l’ancienne médina de Casablanca. Le programme incluait également la relocalisation des habitants des bidonvilles et des bâtiments insalubres, le renouvellement des réseaux d’assainissement et d’eau potable, l’éclairage public, le renforcement du réseau téléphonique et la réfection des routes, passages et trottoirs.

Quatre ans plus tard, ajoute Assabah, soit en avril 2014, le Souverain a présidé la signature d’un deuxième programme, visant à poursuivre l’amélioration des conditions de logement et de vie, ainsi que le développement du commerce, de l’artisanat et du tourisme. Et ce n’est pas tout: en mai 2018, une troisième partie est venue s’ajouter à ce grand chantier, mettant cette fois-ci l’accent sur le traitement des bâtiments menaçant ruine, selon une approche participative. Une enveloppe de 300 millions de dirhams a été allouée pour la période 2018-2023, sous la supervision de l’Agence urbaine, chargée de réaliser les études, les expertises et les travaux nécessaires, tout en définissant les conditions et mesures d’aide aux habitants des bâtiments en péril.

Au terme de cette phase, les pouvoirs publics ont dû mettre en place un quatrième programme complémentaire, financé par la commune urbaine et le Fonds Hassan II, avec une enveloppe d’un milliard de dirhams. Comme l’explique la publication, ce nouveau projet, s’étendant jusqu’en 2028, s’inscrit dans la continuité des trois précédents, qui ont eux-mêmes mobilisé des budgets colossaux, et vise à proposer de nouvelles solutions adaptées à la problématique des bâtiments menaçant ruine.

Malgré l’importance de ces programmes et des fonds engagés, la situation reste donc inchangée dans plusieurs parties de l’ancienne médina, situées pourtant à proximité de grands projets structurants en préparation des événements sportifs prévus entre 2025 et 2030. Ceci laisse place à plusieurs interrogations quant à la responsabilité de certaines parties prenantes dans la poursuite du phénomène des effondrements.

Par Fayza Senhaji
Le 25/03/2025 à 20h29

Bienvenue dans l’espace commentaire

Nous souhaitons un espace de débat, d’échange et de dialogue. Afin d'améliorer la qualité des échanges sous nos articles, ainsi que votre expérience de contribution, nous vous invitons à consulter nos règles d’utilisation.

Lire notre charte

VOS RÉACTIONS

0/800