Le déplacement de l'inspecteur général des Forces armées royales, Abdelfettah Louarrak, hier lundi 20 février, à Tétouan, n'a évidemment pas été une promenade de santé. Le déplacement d'un responsable militaire de ce calibre est intervenu suite à des assauts d'une violence inouïe de migrants subsahariens vers Sebta, faisant des blessés, notamment parmi les forces de sécurité marocaines. Le déplacement du haut responsable militaire marocain met autant en évidence le degré d’implication du royaume dans la lutte contre l’immigration clandestine que la gravité de la situation dans cette région débordant de migrants subsahariens qui, pour passer de l'autre côté de Sebta ou Melilia, sont prêts à tout, faisant preuve d'agressivité à l'encontre des forces de sécurité marocaines mobilisées jour et nuit dans cette région reconvertie par la force des flux et des assauts en une "zone militaire".
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Il faut bien noter que le Maroc déploie, à travers cette implication militaire, un effort supplémentaire pour sinon stopper, ou du moins amortir, l'onde de choc migratoire qui menace l'Europe aujourd'hui plus que jamais. Cet effort marocain extrêmement coûteux, est déployé au quotidien, dans son aspect, aussi bien matériel qu'humain.
Lutte contre le flux de Subsahariens, le coût de la mobilisationParlons chiffres! Combien nous coûte cet effort de lutte contre le passage de migrants subsahariens vers l'Europe, via notamment les villes marocaines occupées de Sebta et Melilia? Contactée par Le360, une source officielle chiffre les dépenses marocaines à 250 millions d'euros par an! «Il s'agit d'un montant consacré au dispositif de sécurité mis en place depuis 2004 dans la région du Nord», révèle notre source.
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Et ce n'est pas tout! Sur le plan sécuritaire, «quelque 23.000 éléments des forces de l'ordre, des gendarmes du littoral méditerranéen, sont opérationnels jour et nuit et ce, depuis l'installation de la ceinture allant de Tanger à Oujda», dévoile encore notre source. Un autre chiffre donne la mesure de l’effort consenti au quotidien, jour et nuit, par les autorités marocaine: «depuis 2014, plus de 40.000 tentatives d'immigration clandestine ont été avortées et environ 3.000 réseaux structurés ont été démantelés grâce aux efforts de la police, de la gendarmerie, des forces auxiliaires et de l'armée», précise notre source.
Bien sûr, il y a d'autres coûts difficiles à chiffrer ou à quantifier, notamment la prise en charge de personnes blessées de part et d'autre lors d'un assaut contre la double clôture haute de six mètres qui entoure le préside marocain occupée de Sebta. Pas plus tard qu'en début 2017, en janvier, un agent de sécurité marocain y a même perdu un oeil. Sans compter dix autres blessés graves parmi les forces de l'ordre! Pas moins de 800 migrants subsahariens ont alors été appréhendés, ce qui démontre l'efficacité des efforts soutenus déployés in situ pour juguler la saignée.
Résultat! «Le dispositif sécuritaire déployé par le Maroc a permis de réduire de 95% la migration clandestine vers l'Europe» en comparaison avec ce qui prévalait par le passé", affirme notre source.
A toutes fins utiles, il faut préciser que ces efforts sont déployés à sens unique par le Maroc, alors qu'une frontière doit être sécurisée aussi par le voisin du Nord, en l'occurrence l'Espagne.
Le Maroc n'a jamais exigé de contrepartie à l'Union européenne (UE), alors que la Turquie, entre autres pays de la région, comme la Tunisie, avait empoché en 2015 pas moins de trois milliards de dollars en guise de contribution à ses efforts pour gérer la crise migratoire sur son sol, en raison du conflit syrien. «L'aide financière et matérielle accordée par l'UE au Maroc est très faible, pour ne pas dire nulle», certifie notre interlocuteur. Et d’ajouter: «Si la Grèce et l'Italie sont considérés comme étant les portes Est de la migration, mais qui luttent tous les deux avec le soutien matériel de l'Europe, le Maroc fait face unilatéralement à la migration clandestine».
Régularisation des sans papiers, l'autre remède contre l'hémorragie
«La stratégie migratoire du roi Mohammed VI, qui est fondée sur une approche humaine et qui a permis de régulariser en 2014 plus de 28.000 sans papiers, a contribué à la réduction de cette immigration illégale», relève notre source.
Comment alors expliquer les deux récents assauts contre la clôture de Sebta, effectués par 800 clandestins d'Afrique subsaharienne?
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Il y a d'abord des réseaux d'immigration illégale qui opèrent toujours en Afrique et en Europe. Le dispositif marocain de lutte est confronté aussi à deux handicaps majeurs: un massif forestier de milliers d'hectares et un relief régional très accidenté. Les massifs accidentés de Benyouneche, près de Sebta, et de Gourougou de Nador, sont des refuges privilégiés de centaines de clandestins dont l'âge varie de 25 à 30 ans. «Zéro immigration n'existe pas», indique notre interlocuteur. «Le Maroc est mobilisé continuellement contre ce fléau. C'est un Etat responsable qui contribue à la sécurité régionale», conclut notre source en appelant ceux qui aiment nager dans les eaux troubles à reconnaître les efforts considérables du Maroc, dernier rempart africain contre l'émigration irrégulière vers l'Europe et qui a un voisin, l’Algérie, qui ne lui facilite pas la tâche en refusant de coopérer contre le trafic de la traite humaine.
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Les efforts consentis par le Maroc pour contrer l’immigration clandestine envers l’Europe sont impossibles à quantifier. Il y a à la fois les blessés dans les rangs des forces de l’ordre qui font face à la détermination farouche de ceux qui sont prêts à tout pour rejoindre l’Espagne et la détresse des Subsahariens qu’il faut traiter avec humanisme et dignité. Pour nombre de ces Subsahariens, le Maroc se transforme d’étape de transit en pays d’accueil. Le Maroc agit en toute responsabilité, et sans crier sur les toits, son effort quotidien, de jour comme de nuit. L’Union européenne, dont certains pays mesurent la mobilisation marocaine, devrait se comporter avec davantage de considération avec le Maroc. De même que le royaume protègeant les frontières de l’Europe, l’UE devrait considérer les intérêts du royaume. Les efforts du Maroc dans la lutte contre l’immigration illégale ne sont pas une chose allant de soi.