L'Algérie peut-elle encore nier qu'elle est partie prenante au conflit saharien? Un document de l'Agence centrale de renseignement américaine (CIA), déclassifié pas plus tard que mercredi 18 janvier 2017, tord le cou à cette dénégation. "L'Algérie a de grands gisements dans la région de Tindouf près de la frontière avec le Sahara et peut souhaiter éventuellement exporter le minerai à travers le Sahara", atteste le document américain, confirmant ainsi les visées d'Alger qui a toujours cherché à se ménager un passage vers la façade atlantique via le Sahara marocain.
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Un voeu qu'elle a toujours caressé secrètement, en se drappant derière un discours tiers-mondiste, hier en vogue, aujourd'hui passé de mode, selon lequel Alger, "Mecque des révolutionnaires"!, se battrait pour "le droit des peuples à la décolonisation". "Conformément à son image anticoloniale soigneusement cultivée, l'Algérie a soutenu publiquement la décolonialisation du Sahara", certifie l'agence de renseignement américaine.
Ce slogan clinquant cache de manière à peine voilée les visées expansionnistes de l'Algérie, véritablement partie prenante du conflit créé par ses propres soins autour du Sahara. Certes, "l'Algérie n'avait pas de revendication territoriale sur le Sahara", indique le document américain. Mais "elle a démontré, à un rythme soutenu, qu'elle est une partie intéressée ayant des intérêts politiques et de sécurité à protéger", assure en effet le document américain.
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Vous avez bien lu! Intérêts politiques et sécuritaires à protéger". Parlons des "intérêts politiques", à charge de revenir sur ceux, sécuritaires, largement détaillés dans le document américain. "Alger a développé une vision d'un Maroc irrédentiste qui, dans le passé, revendiquait une partie de l'Algérie", explique la CIA, ajoutant que le voisin de l'Est est resté tenaillé par "les souvenirs de la guerre de 1963", c'est-à-dire la Guerre des sables remportée par les Forces armées royales.
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Souvenirs amers d'une cinglante défaite militaire infligée par le Maroc de Hassan II à l'Algérie d'Ahmed Ben Bella et de son ministre de la Défense, le colonel Houari Boumediene, de son vrai nom Mohamed Boukharrouba. Une guerre provoquée par ces deux anciens dirigeants du fameux "Clan d'Oujda", en raison de leur refus de rétrocéder, comme convenu avec le roi Mohammed V, une partie de l'Oriental marocain indûment annexée à l'Algérie française.
Malgré ce coup de poignard dans le dos du Maroc, comme pour venger la défaite militaire de 1963, le colonel Houari Boumediene, après avoir renversé son ancien frère d'armes Ahmed Ben Bella, en a rajouté en se livrant à un insoutenable chantage à l'encontre du Maroc sur le dossier de son intégrité territoriale. Mettant à profit la tension entre le Maroc de Hassan II et l'Espagne du général Franco, au tout début des années 7O, l'ancien colonel n'en a pas raté une pour contrecarrer la revendication marocaine sur son Sahara, géographiquement et historiquement lié au royaume, en lançant une vaste campagne diplomatique auprès de la Ligue arabe et des pays non-alignés, dans la tentative de faire accréditer un "référendum d'autodétermination" qui aboutirait à "l'indépendance du Sahara", à défaut de pouvoir engager une nouvelle guerre avec le Maroc.
En effet, Alger cherchait à travers cette pression à amener le Maroc à ratifier un accord signé en 1972 sur le tracé des frontières, en vertu duquel le royaume renoncerait à toute revendication territoriale sur Tindouf, Knadssa et Bachar, annexé à l'Algérie du temps où ce pays était considéré comme un département français. La non-ratification de cet accord par le Maroc, a contrario d'Alger, "reste un point critique dans les relations avec l'Algérie, qui a ratifié unilatéralement l'accord", explique le document américain.
Cette explication met en évidence cette réputation légendaire de maîtrenchanteur cultivée par Alger, non seulement à l'encontre du Maroc mais de tout le voisinage. "Les réalités de la position de l'Algérie sont plus complexes, le Sahara est un aspect des problèmes plus vastes liés à la mentalité suspicieuse de l'Algérie, qui a toujours considéré les pays voisins comme des ennemis potientiels, en particulier le Maroc, avec un système politique et une idéologie qui diffère radicalement de l’Algérie", explique encore le document américain.
Il n'est pas étonnant de constater qu'Alger a toujours entretenu des relations exécrables avec les pays se trouvant dans son voisinage, à l'image du Mali, du Niger, de la Libye et, plus encore, de la Tunisie. Et dire que l'Algérie se veut "exportatrice de paix et de stabilité", comme les apparatchiks algériens aux manettes ont coutume de le claironner sur tous les toits! Cette allégation vient contredire la réalité sur le terrain malien, libyen, nigérian et tunisien, aujourd'hui plus que jamais en butte au chaos. Le rôle interlope d'Alger n'est pas à démontrer. Et ce n'est surtout pas le document américain qui dira le contraire!
Autre fait marquant du document de la CIA:le Polisario n'est pas cité une seule fois. Ce qui veut dire que l'un des services les plus puissants dans le monde sait pertinemment que le Polisario n'est rien sans son tuteur algérien. La CIA considère l'Algérie comme le principal protagoniste dans le conflit du Sahara avec le Maroc. Et Rabat a toujours répété ce que les sécuritaires de la CIA ont écrit noir sur blanc dans leur rappor!