Ces inégalités qui dessinent un Royaume «à deux vitesses»

DR

Revue de presseSous les apparences d’un pays en développement dynamique, le Royaume reste marqué par une profonde fracture sociale, inégalitaire. Tandis que les grandes métropoles concentrent richesses et services, des pans entiers du territoire, notamment les zones rurales et enclavées, sont laissés pour compte. Ce déséquilibre croissant façonne un Royaume à deux vitesses, où l’accès aux droits fondamentaux devient une loterie, géographique. Cet article est une revue de presse tirée du magazine Jeune Afrique.

Le 05/08/2025 à 18h17

Malgré des progrès notables sur le papier, le Royaume reste miné par de profondes fractures, sociales et régionales. Dans son discours du Trône, le Roi Mohammed VI a dénoncé une réalité que les chiffres confirment: un développement inégal, où les régions les plus pauvres continuent de dévisser.

Les inégalités territoriales persistent, dessinant les contours d’un pays à «deux vitesses», écrit le magazine Jeune Afrique. Dans les zones rurales et les régions montagneuses reculées, la pauvreté, le manque d’infrastructures et les conditions de vie précaires restent le quotidien de millions de Marocains. Et même des métropoles, comme Rabat ou Casablanca, ne sont pas à l’abri d’inégalités criantes, dans l’accès aux services de base.

Le Royaume a eu beau être salué pour ses performances économiques ou diplomatiques, il reste à la traîne, sur le front du développement humain. Le dernier rapport du PNUD, publié en mai 2025, classe le Royaume à la 120e place sur 193 pays, tout juste promu dans la catégorie des pays à développement humain «élevé», mais encore loin derrière l’Algérie (96e) ou la Tunisie (105e).

Pour le Roi, ces classements importent peu s’ils ne se traduisent pas, concrètement, par une amélioration du quotidien des citoyens.

Avant l’alerte Royale, le constat avait déjà été établi par de multiples institutions, du Haut-Commissariat au Plan (HCP) aux ministères concernés. Le Royaume souffre, en effet, d’un déséquilibre territorial structurel.

En 2023-2024, près de la moitié des investissements publics étaient concentrés dans deux seules Régions Rabat-Salé-Kénitra, et Casablanca-Settat, qui abritent 53% des entreprises du pays, écrit Jeune Afrique, illustration d’une centralisation excessive.

Les tentatives de rééquilibrage restent timides. En 2024, les Régions de Rabat-Salé-Kénitra, Casablanca-Settat et Marrakech-Safi ont absorbé, à elles seules, 58% de l’investissement public, laissant les neuf autres régions, notamment l’Oriental ou Drâa-Tafilalet, se partager des miettes.

Entre 2019 et 2022, le niveau de vie des citoyens marocains a chuté de 7,2% au niveau national, selon un rapport du HCP, écrit-on encore. Les zones rurales ont été les plus frappées (-8,9%), avec une consommation alimentaire en baisse de 12,9%. Les ménages pauvres ont vu leur pouvoir d’achat s’effondrer de 8%, contre 7,5% pour les plus aisés. Quelque 3,2 millions de personnes supplémentaires ont basculé dans la pauvreté ou la précarité.

À cette dégradation matérielle, s’ajoute un profond malaise. 87% des ménages estimaient, en 2023, que leur niveau de vie s’était détérioré, et près de la moitié des foyers vivent à crédit ou en ponctionnant dans leur épargne, alors que plus de 8 personnes sur 10 ne croient pas à une amélioration de leur situation financière.

Le “domaine de la santé”, selon Jeune Afrique, “reste un marqueur fort de cette fracture” sociale. Malgré une légère hausse du nombre de centres de soins, la densité médicale reste faible, avec seulement 7,6 médecins pour 10.000 habitants, et inégalement répartie. Là encore, la capitale du Royaume, Rabat, et sa métropole économique, Casablanca, captent l’essentiel des ressources médicales.

Par La Rédaction
Le 05/08/2025 à 18h17