Jamais les députés, toutes tendances confondues, n’ont été aussi unanimes à dénoncer la gestion d’un ministère comme ils l’ont fait lors de la séance parlementaire de ce lundi. Au moins sept d’entre eux ont tiré à boulets rouges sur les dysfonctionnements, voire les scandales qui caractérisent, selon eux, la gestion du ministère de la Santé.
Selon le quotidien Assabah, dans son édition de ce mercredi 18 avril, le ton des intervenants est monté de plusieurs crans. Le chef de ce département, Anas Doukkali, n’a pas été ménagé par les parlementaires qui ont dévoilé plusieurs dysfonctionnements dans la gestion des hôpitaux et la dégradation des services des urgences.
La députée istiqlalienne, Rafia Mansouri, a affirmé que la situation de la santé au Maroc s’est dégradée a cause de plusieurs facteurs. Elle a cité notamment l’absence des cadres médicaux dans le monde rural et l’état déplorable des hôpitaux en donnant l’exemple d’un centre hospitalier dans la région du Nord. Elle s’est demandée, en outre, comment on ose exiger d’un patient qu’il achète du matériel chirurgical alors que ce département a dépensé 1, 5 milliard de dirhams pour acquérir du matériel médical.
De son côté, le député PJdiste, Taleb Ibrahimi, a estimé que la mise en vigueur d’une agence nationale de la gestion des médicaments est devenue une nécessité absolue. Et pour cause, dit-il, beaucoup de problèmes de santé publique ont été causés par des médicaments soit périmés, soit qu’ils aient mis du temps a été retirés des pharmacies pour cause d’effets nocifs.
Pour sa part la députée de l’USFP, Ibtissam Marras, a appelé à la mise en œuvre du Haut Conseil de la santé après le constat de la baisse de l’exportation vers les pays africains. Abdelhak Mouheddab de l’UC a déploré la construction d’un service à l’hôpital Mohammed V d’El Jadida avec un seul médecin pour deux millions d’habitants dans la province d’El Jadida-Azemmour.
Mohamed Bernichi du PAM, a critiqué la gestion du ministère a cause de la désertion des médecins de certains hôpitaux comme à Guercif où se trouve une seule unité de dialyse pour 120 patients sans aucun médecin spécialiste.
Un autre Pjdiste, Ahmed El Hiki, s’en est pris aux médecins qui, dit-il, ne font acte de présence que deux fois par semaine dans les hôpitaux de Sidi Kacem et Belksiri. La députée de l’opposition, Touria Faraj (PAM) l’a soutenu en rappelant qu’il n’existe aucun médecin dans 17 communes de Taounat. Elle a ajouté par ailleurs que le service de maternité d’un hôpital de Fès ne compte aucun gynécologue, mais juste quelques infirmières qui s’occupent des femmes enceintes.
Le député Mustapha Tadomant du RNI a dénoncé l’absence du matériel médical à Tata et le dépôt des déchets des hôpitaux dans des endroits non surveillés. De son côté, la socialiste Hanane Rihab, a demandé l’augmentation des salaires des médecins et des infirmiers qui travaillent dans des conditions déplorables, contrairement à ceux du secteur privé. Quant au député istiqlalien, Allal Amraoui, il a évoqué l’achat des centaines d’ambulances médicalisées qui ont été immobilisées dans le parking des hôpitaux faute de médecins, infirmiers et chauffeurs spécialistes en la matière.
Face à cette attaque à l’arme lourde, le ministre de la Santé Anas Doukkali a reconnu l’existence des dysfonctionnements qu’il a imputés à l’augmentation du nombre des malades qui est passé de 6 à 11 millions. Mais il a toutefois rejeté le recul dans la qualité des services médicaux en affirmant que son département a créé des milliers de postes et fourni une grande quantité de matériel médical. Il a en outre annoncé l’orientation de son ministère vers l’autonomie de gestion des hôpitaux et des ressources humaines. Quant à la distribution des médicaments, le ministre a annoncé que l’inspection de son département contrôle tout le circuit de la vente du médicament à partir de l’autorisation et en conformité avec le décret gouvernemental.