Dans un entretien avec Le360, cet expert en géopolitique souligne que depuis la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, l’accord tripartite d’Abraham de décembre 2020 est devenu «un partenariat de dimension stratégique car le Royaume est en train de placer des leviers pour contribuer à la construction en vue d’une alliance de dimension stratégique internationale».
Cherkaoui Roudani explique que le monde est en face «d’une remondialisation des axes après la crise russo-ukrainienne et les impacts de la crise mondiale». «Il ne faut pas s’étonner demain que d’autres pays rejoignent cette alliance stratégique entre les Etats-Unis, le Royaume du Maroc et Israël». Selon lui, «Londres est sollicité pour inclure cet axe avec d’autres pays africains, arabes et même de l’Europe de l’Ouest». «Récemment, a-t-il dit, nous avons acté les positions très importantes de l’Allemagne et de l’Italie, de la Serbie, des Pays-Bas, du Luxembourg, de la Roumanie» sur le Maroc et le Sahara. Parallèlement, «il y a un axe qui s’élargit aussi vers l’Est». Et de préciser que «nous sommes donc aujourd’hui dans une perspective d’amélioration de nos relations avec Israël, comme l’a souligné Sa Majesté dans sa lettre au Chef de gouvernement israélien».
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Le roi Mohammed VI a tracé donc «les contours d’une vision stratégique pour renforcer ce partenariat grâce à une coopération militaire et économique efficace», selon le politologue. Il a rappelé que le Maroc compte «un million de Juifs d’origine marocaine en Israël, ce qui milite pour le relèvement du niveau diplomatique de cette relation». Cherkaoui Roudani n’a pas omis de relever que l’annonce de la décision d’Israël a coïncidé avec la célébration du 24ème anniversaire de la fête du Trône, c’est-à-dire qu’il y a «une considération importante de la part des Juifs du rôle qu’a joué le Maroc dans l’histoire». Sur un autre aspect, le politologue a mis en relief le fait qu’Israël est «une puissance qui dispose d’un savoir-faire dans les domaines économique, industriel, technologique, de l’armement... Ce qui permettra au Maroc de tirer des avantages de ce progrès». Parmi les meilleures entreprises du monde figurent, a-t-il dit, des compagnies israéliennes.
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Il y a également dans cette vision et approche Maroc/Israël , une valeur liée à la paix. «Le roi Mohammed VI est le président du Comité Al Qods, qui est connu par ses actions inlassables en faveur de la cause palestinienne». La reconnaissance d’Israël constitue donc «un poids géostratégique comme la réponse du Souverain constitue un levier géopolitique et une feuille de route pour un partenariat tous azimut». Cette feuille de route inclut notamment une prochaine visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au Maroc. Le rapprochement Maroc/Israël n’est pas fortuit car le Maroc à une vision et un autre cap à franchir avec l’Afrique, selon ce professeur universitaire. Le partenariat du Maroc avec Israël et l’Afrique serait très important. Le politologue conclut en évoquant le caractère sécuritaire de l’approche du Maroc. Le continent, a-t-il expliqué, est miné par «des foyers de tensions, par exemple au Sahel où le terrorisme est alimenté par des forces étrangères à la région», faisant allusion à l’Iran.