Rien ne va plus entre le gouvernement et les parlementaires. La crise s’est intensifiée après la dernière intervention de Lahbib Choubani, ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile, devant les Représentants sur le projet de loi relatif aux commissions d’enquêtes parlemenenatires. Une sortie largement médiatisée à en juger par les titres de presse de ce samedi 27 juillet.
Akhbar Al Yaoum parle de "déception des représentants de l’opposition, mais également de la majorité". Compte tenu des explications du ministre PJDiste, les parlementaires ne savent plus à quel saint se vouer. En effet, Choubani, comme le rappelle Al Ahdath Al Maghribiya, n'avait pas assisté à l'avant-dernier Conseil de gouvernement, en guise de protestation contre l’adoption de la loi des commissions d’enquêtes parlementaires par l'Exécutif. En milieu de semaine, Choubani s'est présenté à la Chambre des représentants pour, cette fois-ci, justifier la décision du gouvernement. Rappelons que le ministre s’était engagé auprès des parlementaires afin que ces derniers puissent élaborer ledit projet de loi dans le cadre de la commission de la Justice.
Après plusieurs concertations, les Représentants étaient sur le point de présenter un texte dont le canevas a été proposé par le PJD et le RNI, précise le quotidien arabophone. Le journal fait d’ailleurs état de la "stupéfaction des membres de la commission de la Justice" face au volte-face de Choubani.
Virage à 180°
Pis, le fait que le ministre accuse le président de la Chambre des représentants, Karim Ghellab, comme étant l'unique responsable de ce quiproquo n’arrange pas les choses. "J’ai des milliers de raisons d’accuser Ghellab", avait lancé "sans complexe" Choubani au Parlement, rappelle Al Ahdath Al Maghribiya qui parle d’un virage à 180°. Malgré les arguments de Choubani qui avait notamment cité l’article 86 de la Constitution régissant l’adoption des lois organiques, le gouvernement a tout bonnement coupé l’herbe sous les pieds de la commission de la Justice qui était pourtant sur la bonne voie, conclut le journal.
Selon Al Massae, cette affaire crée "un précédent" dans la mesure où des parlementaires demandent à ce que l'activité du Secrétariat général du gouvernement soit mise en stand-by. C’est Abdellatif Ouahbi, président du groupe parlementaire du PAM, qui a appelé à une telle décision lors de la réunion de la commission de la Justice. Selon lui, les lois soumises par le SGG sont mal conçues tant au niveau de la forme que du fond.
Une chose est sûre, cette polémique autour d’un texte de loi qui attend depuis plusieurs mois remet sur le tapis la question fondamentale de la gouvernance. Une fois de plus, on assiste au déchirement de deux institutions appelées à travailler en synergie pour l'application de la nouvelle Constitution.