Lors du point de presse qu’il a tenu le 8 octobre en compagnie du président du gouvernement régional des Iles Canaries Fernando Clavijo, le ministre des Affaires étrangères Nacer Bourita a donné plusieurs éclaircissements sur trois dossiers clés. L’intervention de Bourita constitue en fait une déclaration expliquant la position du Royaume concernant l’arrêt de la Cour de justice de l’union européenne (CJUE), la question de la migration et le conflit au Moyen-Orient, rapporte Al Ahdath Al Maghribia du jeudi 10 octobre.
Dans son premier message, le ministre indique que la décision de la CJUE est en «déphasage avec la réalité et demeure sans impact sur la question du Sahara marocain et sur sa dynamique internationale de soutien impulsée par le roi Mohammed VI».
Encore faut-il préciser, poursuit-il, que ce dossier relève de la compétence exclusive de l’ONU et du Conseil de sécurité. S’adressant aux juges de la CJUE, Bourita affirme que leur décision émane de leur «ignorance des faits juridiques, politiques, historiques et humains», avant de révéler que six d’entre eux ont rendu cet arrêt le 4 octobre alors que leur mandat s’est achevé le 6 octobre. Ce constat soulève beaucoup d’interrogations, martèle Bourita en adressant un message à qui de droit au sein de l’Union européenne.
Cette décision est «un coup d’épée dans l’eau» qui n’a suscité aucune réaction de la part des Nations Unies ni du secrétaire général de l’ONU et n’impactera aucunement le dossier du Sahara, grâce à la dynamique impulsée par le roi Mohammed VI. Bien plus, ajoute le ministre, «cette décision demeure isolée».
Et de rappeler la déclaration conjointe de la présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, et du Haut-représentant de l’UE, Josep Borrell, ainsi que les positions exprimées par plusieurs pays européens qui ont tous manifesté leur attachement au partenariat avec le Maroc.
Il a du mis en lumière l’humiliation qu’ont subie les soutiens des séparatistes au Parlement européen, suite au rejet de leurs tentatives visant à inscrire à l’ordre du jour un débat sur l’arrêt de la CJUE concernant les accords de pêche et agricoles entre le Maroc et l’UE.
Ce faisant, le ministre Bourita a imputé la responsabilité de cette hérésie juridique aux institutions européennes en affirmant que «le Maroc n’adhérera à aucun accord qui ne respecte pas son unité nationale. Il appartient à la partie européenne de trouver des solutions et d’apporter la sécurité juridique que le Maroc a le droit d’attendre en tant que partenaire, sachant que les constantes et les lignes rouges du Royaume sont claires et non négociables».
Et Bourita de renvoyer la balle dans l’autre camp en rappelant que ces deux accords ont été conclus après avoir été négociés par la Commission européenne, signés par le Conseil de l’Europe et approuvés par le Parlement européen et les pays membres.
Dans le deuxième message relatif à la question migratoire, le ministre des Affaires étrangères a indiqué que les positions du Maroc sur ce sujet étaient claires et en harmonie avec sa vision annoncée depuis le début. Il a critiqué certaines voix cherchant à imputer au Royaume les conséquences de l’augmentation des opérations d’immigration clandestine enregistrées durant certaines périodes, relaie Al Ahdath Al Maghribia.
Il a indiqué avec un ton ferme que «le Royaume n’avait de leçons à recevoir de quiconque car il s’acquitte avec conscience de ses responsabilités dans le domaine de la lutte contre l’immigration irrégulière. Ce phénomène représente une part importante dans les agendas de la politique intérieure de nombreux pays européens qui l’ont transformé en un fonds de commerce populiste à travers un discours qui soulève des inquiétudes».
Loin de toutes ses surenchères politiques, Bourita révèle que le Maroc a permis à 60.000 migrants de s’installer dans le Royaume conformément à sa conviction de tisser des relations naturelles avec son environnement africain.
Abordant le troisième message relatif au conflit au Moyen-Orient, le ministre a indiqué que la position du Maroc appelait à sortir de la logique de gestion de la crise et à établir des normes pour trouver une solution durable.
Répondant à des positions extrémistes de certaines parties, Bourita a souligné que «le Maroc soutenait la solution de deux États avec un État palestinien sur les frontières de 1967, ayant comme capital Al Qods». «Il ne faut pas permettre aux extrémistes des deux côtés de faire main basse sur l’agenda du Moyen-Orient. Il est temps que les acteurs constructifs reprennent l’initiative afin que la région ne soit pas otage des radicaux de tous bords».
Le ministre considère que le bombardement des civils est inacceptable et condamnable, tout en mettant en garde contre l’élargissement du cercle du conflit au Liban, car cela envenimera davantage la crise et entraînera l’instabilité pour toute la région.