Yasmina Baddou, ancienne ministre de la Santé, avait tenté de mettre de l’ordre dans le secteur privé de la santé avant de déchanter. Son successeur, Houcine El Ouardi, semble déterminé à aller jusqu’au bout de son projet permettant l'ouverture du capital des cliniques privées aux investisseurs qui ne sont pas issus du corps de métier des médecins. C’est d'ailleurs l'une des mesures phares du projet de loi relatif à l'exercice de la médecine qui sera discuté, ce jeudi, par le conseil de gouvernement.
Akhbar Al Yaoum, dans son édition de ce jeudi 8 mai, avance que le ministre du PPS devra d’abord venir à bout des réticences et en premier lieu celles du groupe parlementaire du PJD qui s’est exprimé clairement contre ce nouveau projet de loi. "Notre groupe parlementaire a longuement débattu de ce projet et nous avons émis nos réserves surtout en ce qui concerne les éventuelles répercussions sur la bonne marche du secteur public", affirme Mustapha Ibrahimi, député du PJD, cité par le quotidien. Pour les PJDistes, le ministère de la Santé aurait d’abord dû commencer par une sorte d’étude d’impact concernant les ressources humaines du secteur public qui pourraient déserter pour les cliniques privées. En fin de compte, le groupe du PJD au Parlement a menacé de demander l’avis du Conseil économique, social et environnemental sur la question.
Combler le vide
Annass s’intéresse à un autre aspect de ce projet de loi à savoir celui relatif à l’exercice de la médecine au Maroc par des praticiens étrangers. Et si les médecins marocains doivent être inscrits au Conseil national de l’ordre, la possibilité d’exercer sera donnée aux médecins étrangers nés sur le sol marocain ou ceux ayant séjourné au royaume pendant une période dépassant dix ans. Ceux désirant exercer de manière provisoire pourront le faire mais pour une période ne dépassant pas un mois par an. Et même là, il faut que le médecin étranger justifie d’une spécialité dont ne pourraient se prévaloir ses confrères marocains. Le projet de loi de El Ouardi a le mérite d’instaurer une surveillance et un contrôle des cliniques privées, chose que n’a pu faire aboutir ses prédécesseurs et surtout Yasmina Baddou qui avait courbé l’échine devant le lobby des cliniques privées. Le fait de donner l'opportunité aux opérateurs privés d'investir dans les cliniques ne peut qu'améliorer la qualité des soines et créer une dynamique économique.