Le groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants s’est retourné contre la majorité en décidant de retirer les propositions d’amendement relatives au projet de réforme du code pénal. Selon certaines sources, cette décision a été prise lors d’une réunion du Secrétariat général du parti, réunion au cours de laquelle le ministre d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Mustapha Ramid, a critiqué l’amendement apporté à l’article relatif à la pénalisation de l’enrichissement illégal. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du lundi 24 février, que le ministre d’Etat islamiste, qui joue le rôle incongru de l’opposition dans la majorité, s’en est même pris au groupe parlementaire de son parti qui avait validé l’article précité. Du coup, il a demandé à ses pairs de retirer cet amendement et de maintenir l’alinéa 4 bis relatif à l’enrichissement illégal tel qu’il a été approuvé par le gouvernement précédent.
Une source gouvernementale s’est étonnée de l’ambivalence du ministre Ramid dans le traitement de ce sujet, puisqu’il a incité ses «frères» du Secrétariat général à retirer l’amendement alors qu’il n’en avait pas pipé mot lors de son long exposé sur le bilan parlementaire devant le dernier conseil de gouvernement. La décision du retrait de la proposition d’amendement relative à l’enrichissement illégal, pour cause d’absence de consensus selon les islamistes, a provoqué une crise au sein de la majorité. Face à cette volte-face du PJD, le président du groupe parlementaire de l’USFP, Amam Chokrane, a appelé à une réunion d’urgence de la majorité pour discuter de ce sujet et prendre une position commune. Le député socialiste rappelle que «la majorité est arrivée à un consensus sur les amendements proposés». Mais, ajoute-t-il, «quelle ne fut notre surprise d’apprendre que le groupe parlementaire du PJD avait retiré un seul amendement parmi les dizaines d’amendements apportés au projet de réforme du code pénal. Autant dire que ce comportement relève de la surenchère et du populisme».
Le quotidien Al Massae, qui traite le même sujet dans son édition du lundi 24 février, souligne que la crise du projet du code pénal s’est transformée en confrontation directe entre le ministre d’Etat Mustapha Ramid et le ministre de la Justice Mohamed Benabdelkader. Ce dernier a vivement riposté aux propos incendiaires de son collègue dans le gouvernement en affirmant que «le fait de relier le blocage du projet du code pénal aux divergences sur un seul article (enrichissement illégal, ndlr) parmi les 80 proposés n’est pas seulement une approche réductrice, mais une tentative de diversion de l’opinion publique à des fins inavouées». Le ministre de la Justice considère cette approche comme une pression (du PJD) et une tentative d’envenimer les débats. Car, poursuit-il, tout ce qui a été dit sur ce projet manque de précision et verse parfois dans le sensationnel. Ce qui n’aidera en rien à faire approuver ce texte.