La gestion des dépenses de carburant dans le secteur public est de nouveau sur le devant de la scène. Le scandale du détournement de carburant à la préfecture de Hay Hassani, largement médiatisé, a mis en lumière la gestion chaotique des fonds publics alloués au carburant, alertant ainsi les organes de contrôle.
Cependant, écrit Assabah dans son édition du vendredi 28 février, certains responsables rechignent à mettre en place des mécanismes de suivi des dépenses de carburant, dont les crédits annuels alloués dépassent 3,2 milliards de dirhams.
Comme le précise la publication, ce budget représente plus de la moitié des crédits alloués à la gestion du parc automobile, des machines, des pièces détachées, de l’entretien, ainsi que des divers moyens de transport et de déplacement mis à la disposition des collectivités territoriales. Il s’agit d’un volet essentiel des fonctions de support nécessaires pour garantir le bon fonctionnement des services publics.
Toutefois, à quelques exceptions près, la plupart des collectivités territoriales refusent de soumettre la gestion des dépenses de carburant à des mécanismes de contrôle transparents, notamment en recourant à des systèmes informatiques et des applications permettant de suivre les véhicules. Elles rejettent également l’installation de dispositifs de géolocalisation (GPS) afin d’évaluer leur consommation réelle de carburant.
Toujours d’après Assabah, les budgets augmentent en continu d’année en année. Avant 2016, ils ne dépassaient pas 1,5 milliard de dirhams, mais ils ont doublé en 2023, alors que le nombre de véhicules n’a connu qu’une légère augmentation. Les présidents de commune et d’arrondissement de certaines villes justifient cette hausse par l’instabilité du marché des carburants ces dernières années, le prix du litre de carburant ayant parfois atteint 17,80 DH. Cependant, souligne le journal, ils peinent à expliquer pourquoi les budgets restent inchangés malgré la baisse des prix enregistrée ces derniers mois.
Dans les arrondissements de Casablanca, par exemple, la plus grande ville du royaume, les budgets alloués à ces dépenses atteignent 20 millions de DH par an. Pourtant, une grande partie des véhicules font l’objet d’accords et de contrats de location qui sont censés éviter aux arrondissements de supporter les coûts d’entretien.
L’approvisionnement en carburant des collectivités est géré par la Société nationale de transport et de logistique (SNTL). Cette dernière délivre des carnets de chèque d’un montant déterminé aux élus et aux fonctionnaires ayant droit, leur permettant de faire le plein dans les stations-service partenaires. Bien que les parties prenantes soient convaincues de la transparence de ce système, qui évite les paiements directs, des fraudes existent néanmoins. D’après Assabah, certaines irrégularités concernent la remise de carnets de chèque à des personnes extérieures aux bénéficiaires légitimes, tandis que l’absence de mécanismes de contrôle facilite les abus qui échappent, dans la plupart des cas, à toute forme de reddition des comptes.
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