Une grande cérémonie aura lieu vendredi 19 décembre à partir de 16 heures au Théâtre Mohammed V à Rabat en commémoration du quarantième jour du décès du dirigeant socialiste Ahmed Zaidi, mort noyé dans sa voiture, alors qu’il s’était engagé, en ce triste dimanche 9 novembre, dans un tunnel sous la voie ferrée inondée par l’oued Cherrat, en crue. Cette cérémonie, qui coïncide avec la fin de la période du deuil, marque le début d’une nouvelle partie de bras de fer entre le courant du regretté Ahmed Zeïdi, Ouverture et Démocratie, et l’actuel Premier secrétaire général de l’USFP, Driss Lachgar.
Contactée par Le360, une source ittihadie s’est dite inquiète que l’ombre de cette lutte intestine ne plane sur la cérémonie d’hommage, à laquelle prendront part aussi bien les fidèles héritiers du courant du regretté Zaidi que les partisans du (très controversé) actuel Premier secrétaire de l’USFP. Mais ce n’est qu’après la cérémonie que les deux antagonistes dévoileront leurs plans de bataille, estime la source ittihadie, qui a souhaité ne pas être citée. Les amis de feu Zaidi ont déjà annoncé la couleur en programmant, le 20 décembre, une «réunion cruciale». Que va-t-il alors se passer lors de cette réunion tant attendue? Des bruits de couloir courent déjà sur un éventuel «divorce» du courant « Ouverture et Démocratie » avec l’USFP de Driss Lachgar. Mais si cette question semble tranchée à l’avance, celle portant sur le devenir de ce courant reste en suspens. Réda Chami, Hassan Tarek et Abdelali Doumou, chefs de file de ce courant, vont-ils créer un nouveau parti ou rallier, comme le souhaiterait l’ancien Premier secrétaire de l’USFP, Mohamed El Yazghi, l’Union nationale des forces populaires (UNFP) restée en berne depuis le décès en 2005 de son chef historique Abdellah Ibrahim ? Rien n’est moins sûr.
Quand Abdelouahed Radi brouille les pistesIl y a des «mains invisibles» qui se prêtent volontiers à ce jeu d'ombres chinoises. Et ce sont curieusement les anciens Premiers secrétaires de l’USFP qui en tirent les ficelles. On sait déjà que Mohamed El Yazghi pousse vers une intégration des «scissionnistes» au sein de l’UNFP, balayant ainsi d’un revers de main l’option de création d’un nouveau parti. «Pourquoi un nouveau parti alors que l’UNFP, dont l’USFP est né en 1975, offre déjà une structure existante? », s’interroge un partisan de la fusion avec le parti d’Abdellah Ibrahim. Face à cette question, Abdelouahed Radi, qui a passé le témoin à Driss Lachgar en ce mémorable congrès de 2012, apporte une réponse visiblement «conciliante». L’ex-Premier secrétaire, surnommé «monsieur consensus», serait pour le maintien au sein de l’USFP du courant réformateur, Ouverture et Démocratie, tout en recommandant à Driss Lachgar de s’asseoir à la table des négociations pour ménager une porte de sortie à la crise qui secoue le premier parti socialiste marocain. Une solution de «ni vainqueur ni vaincu» ? Pas du tout, à en croire un partisan du courant «Ouverture et Démocratie » selon lequel Abdelouahed Radi tenterait, à travers «l’Initiative pour l’avenir de l’USFP» lancée dernièrement, de fausser le jeu aux amis du défunt Zaidi et faire capoter leur projet de sauter par-dessus le bateau (coulant) de l’USFP. « Abdelouahed Radi sait parfaitement que, face à l’unilatéralisme de Driss Lachgar, le dialogue est devenu impossible », relève cette source, en martelant en guise d’issue au blocage : «De deux choses, l’une. Ou on met en place un nouveau parti ou on rallie l’UNFP». Une expectative que «l’Initiative», lancée par les disciples de Radi et partagée par Abdelhadi Kheïrat, vient brouiller à la faveur d’un « avenir socialiste» incertain.